Ce produit de dégradation de l'hémoglobine modifiée offre donc une protection contre le paludisme. Dans les globules rouges infectés par le parasite du paludisme, il bloque la mise en place d'un système de trafic utilisé par les protéines adhésives du parasite, les adhésines. En conséquence, les cellules du sang contaminé ne peuvent adhérer aux parois des vaisseaux, comme c'est habituellement le cas.
Dans les années 1940, des scientifiques avaient déjà découvert que l'anémie falciforme avec sa mutation caractéristique était particulièrement répandue dans certains groupes de population en Afrique qui survivaient au paludisme tropica, une forme particulièrement virulente de la maladie. Dans cette forme de paludisme, les parasites Plasmodium se multiplient d'abord dans les cellules du foie de et puis infectent les globules rouges (érythrocytes). Une fois dans les érythrocytes, ils se reproduisent pour finalement les détruire. L'éclatement de toutes les cellules du sang contaminé provoque des symptômes caractéristiques, dont des poussées de fièvre et l'anémie.
Chez les patients présentant cette mutation de l'hémoglobine, ces complications se produisent sous une forme affaiblie ou pas du tout. Car chez ces patients, il y a nettement moins d'adhésines du parasite que dans des globules rouges normaux. C'est en utilisant des techniques de microscopie à haute résolution que ces scientifiques ont découvert ce nouveau mécanisme moléculaire. Le parasite utilise une protéine, l'actine, du cytosquelette (squelette cellulaire) des érythrocytes pour créer son réseau de trafic, explique le Dr Marek Cyrklaff, du département des maladies infectieuses (Voir figures ci-contre).
Lorsque l'hémoglobine présente la mutation identifiée, seuls de tout petits morceaux de filaments d'actine sont trouvés (voir figure de gauche) et le transport du paludisme n'est plus possible. L'identification de ce mécanisme moléculaire explique, pour la première fois, l'effet protecteur de cette variante d'hémoglobine contre le paludisme. Une découverte qui ouvre une nouvelle voie de recherche thérapeutique.
Source:Science DOI: 10.1126/science.1213775Hemoglobins S and C interfere with Actin Remodeling in Plasmodium falciparum-Infected Erythrocytes (Visuels courtesy AAAS Science)
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