En fait, quel est le problème ? Pourquoi aurions nous besoin d'un instrument supplémentaire (le e-book) alors que nous pouvons déjà lire des œuvres via Internet, directement sur nos micros ou ordinateurs portables ? Et bien tout simplement parce que nous avons besoin de ressentir avec le e-book ce que nous ressentons avec le livre en papier : le tenir dans une seule main, le feuilleter, pouvoir le lire couché, sur le côté, sur le ventre, les jambes croisées l'une sur l'autre. En fait, je vous décrits là le kamasutra de la lecture. Les étudiants australiens ont à mon avis bien senti le problème avec ceci :
Comme vous pouvez le constater, il possède une couverture souple qui rappelle un livre, il est petit et quand on le touche en bas à droite, on accède à la page suivante. Bien entendu, je vois que vous êtes déçus car vous auriez bien aimé une petite vidéo sympa. Alors spécialement pour nous, les hommes, les vrais, j'ai trouvé une femelle canari espagnole qui explique très bien tous les avantages du e-book. Mais je ne vous en dis pas plus et vous laisse vous, comment dirais-je ? plonger dans le vif du sujet ! (Au début, j'ai cru qu'elle vendait des sextoys !)
Pour ce qui est du débat, je ne vais pas vous faire un long exposé sur le pour, le contre et le peut-être. Surtout que d'autres personnes beaucoup plus calées que moi ont déjà rassemblé des masses d'informations sur ce sujet passionnant. Après vous avoir donné jadis et autrefois mes impressions de non-utilisateur, je vais vous livrer mon sentiment de chef d'entreprise. Imaginons que je possède un vingtaine de millions d'euros devant moi (une paille) : y-vais-je ? Investis-je ?
Ma réponse est non ! J'ai un doute énorme qui m'assaille : j'ai bien peur que le e-book ai le même non-succès que la machine a pain, qui a eu son heure de petite gloire à Noël 2006, et qui a fini lamentablement au fond des placards déjà encombrés par les geekeries de nos fées et autres toqués de la cuisine. Le e-book offre de nombreux avantages, mais je pense que l'on va rapidement s'en lasser. C'est de l'ordre de l'intuition. Par ailleurs, il repose sur le même marché que le livre-papier : le marché de la lecture, qui n'est pas très florissant. On prétend que les gens lisent moins : pourquoi liraient-ils plus sur des livres électroniques ? Aucune enquête sérieuse ne porte sur ce point sensible qui est tout de même à la base de la problématique. Par ailleurs, il suffirait qu'une décision salutaire soit prise par le législateur pour sauver la chaine du livre de la prédation du tout numérique. Imaginons quelque chose de tout à fait possible : le marché du livre unique est protégé par la notion du prix-unique ; et si cette notion était étendue au numérique ? Si demain, cela vous coûte aussi cher de télécharger un e-papier que d'acheter le vrai livre, aurez-vous toujours le même enthousiasme ? Je vous laisse à la réflexion...