Je pensais être tranquille pour quelque temps, n’ayant pas non plus pour habitude de lutter contre les larmes toutes les semaines au cinéma, mais contre toute attente, je me suis déjà fait piéger une troisième fois en à peine plus d’un mois. Et après le cinéma coréen et le cinéma français, c’est cette fois un film américain qui m’a fait renifler à la sortie d’une projection : 50/50 de Jonathan Levine (qui a la particularité d’être connu pour un film sorti nulle part, All the boys love Mandy Lane).
J’ai beau avoir l’outrecuidance ponctuelle de me penser plus fort que les émotions évidentes, force est de constater que finalement, on n’est peut de chose émotionnellement parlant devant la maladie et la perspective de la mort, car il s’agit après tout ici encore un peu de cela, avec cette histoire d’un jeune mec de 27 ans (Joseph Gordon-Levitt) qui apprend du jour au lendemain que ses douleurs au dos sont dues à un cancer qui a une chance sur deux de le tuer à court terme. Balancé comme ça, forcément, ça sent le mélo, encore. Pourtant non. 50/50, c’est autant une comédie qu’un drame (celui qui a dit « Une dramedy quoi, comme disent les ricains » a droit à un bon point).
L’amitié est belle devant la caméra de Jonathan Levine, et c’est elle, sûrement, qui a emballé mon cœur et fait piquer mes yeux. Parce qu’elle est faite de rire autant que d’émotion, parce que Joseph Gordon-Levitt et Seth Rogen sont toujours bons et qu’ils le montrent ici une fois de plus. Devant moi, lorsque le générique s’est terminé et que la lumière s’est rallumée, un mec racontait à sa copine qu’il était déçu, qu’il aurait préféré quelque chose « à la Marc Webb » (véridique), comme si le réalisateur de 500 jours ensemble, du haut de son film surestimé, était une référence à suivre et que son style aurait fait de 50/50 un meilleur film. Drôle de remarque. J’essaie de me représenter ce qu’aurait été le film de Jonathan Levine à cette sauce-là… Je suis sûr que je n’y aurais pas versé ma larme. Et j’ai beau faire celui qui se plaint de trop verser sa larme ces temps-ci, je n’aurais échangé cette sensation pour rien au monde devant 50/50. Je pleure souvent au cinéma en ce moment ? Tant mieux !