«Qu’avaient-ils imaginé ? Que l’enfant acquerrait spontanément le mouvement et la grâce, puis le langage et l’intelligence ? Qu’il dispenserait sans compter les moments de joie et de fierté auxquels les parents étaient naturellement en droit de s’attendre ? Ils n’avaient rien imaginé. Rien prévu, rien organisé. Ils s’étaient reproduits et, rétrospectivement, leur innocence les étonnait.»
Un courriel, avec une photo en pièces jointes. Les deux parents sont maintenant grands-parents.
François se souvient, son fils Guillaume est né en hiver. 25 ou 24 ans, qu’il surnomme l’enfant terrible. Il est petit, malpropre, déjà bedonnant.
- Qu’est-ce que tu veux ?
-Pour aller voir la mère, avec le petit…
Le temps, le gaz, manger un peu … Ça prendrait deux cents piasses. À chaque fois. Sans argent, on pourra pas.
C’est en regardant le tapis qu’il parle.
-Ben laisse faire, viens pas. Je ne paierai pas deux cents piasses pour montrer ton gars à sa grand-mère.
Guillaume ne trouve rien à dire. Il se lève, sort, ferme la porte, somme toute délicatement. Le petit rideau se balance un peu, comme une jupe remuée.
Un septième roman, les trois précédents romans Nous ne vieillirons pas (2009) La notaire(2007) et La bonde de Patrick Nicol (2005). Un auteur québécois à découvrir pour ceux, qui comme moi, ignoraient encore ce talent inopiné.