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Des Innus dénoncent le Plan Nord : Une escroquerie sur le dos des premières nations.
Publié le 21 novembre 2011 par PlusnetOutré par les offres «ridicules» du gouvernement Charest, le chef du Conseil des Innus de Pessamit sur la Côte-Nord, Raphaël Picard, lance une campagne internationale contre le Plan Nord. Il laisse planer la menace de bloquer la route 138 et d'empêcher la réfection de la 389, entre Baie-Comeau et Fermont.
M. Picard a décidé de mettre fin aux négociations qui avaient été lancées le 12 juin à la suite d'un blocus de la 138, la route qui relie la Côte-Nord au reste de la province. Ces pourparlers visaient à régler plusieurs griefs de la communauté de Pessamit envers Québec.
Le gouvernement Charest a mis sur la table 350 millions de dollars sur une période de 50 ans, dont 113 millions à titre de compensation pour les dommages causés entre autres par le développement hydroélectrique. Le reste servirait à constituer un fonds de développement économique.
Or M. Picard, dont la communauté compte 4000 habitants, réclame cinq milliards de dollars sur 50 ans - à titre de compensation et pour le développement futur. Le fossé est donc considérable entre les parties. En conférence de presse, le chef a longuement décrit le «viol» du territoire ancestral des Innus de Pessamit survenu au cours des 60 dernières années, en raison du développement hydroélectrique, forestier et minier.
L'offre du gouvernement, «c'est peu, c'est frivole, c'est irrespectueux», a tonné Raphaël Picard. Selon lui, le gouvernement prend les Innus pour des «imbéciles» et adopte une «attitude coloniale».
Le chef qualifie le premier ministre Jean Charest de «plus mauvais menteur du Québec» et l'accuse de faire «de la fausse publicité». Il lui reproche d'affirmer à l'étranger que les autochtones appuient le Plan Nord. Il compte répliquer en faisant «une tournée de plusieurs grandes villes américaines et européennes». Il plaidera que Québec bafoue les droits des autochtones.
Raphaël Picard promet également «des actions qui auront pour conséquences de perturber les activités économiques de la Côte-Nord». Il est demeuré évasif sur la nature de ces actions, mais le blocage de la route 138 est une option. Il envisage de déposer une injonction afin d'empêcher la réfection de la route 389.
Cinq communautés innues s'opposent au Plan Nord alors que trois l'appuient. Les Cris - qui, eux, ont signé un traité avec Québec - sont en faveur du projet gouvernemental.
Dimanche, par voie de communiqué, le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, déplorait la fin des négociations et qualifiait son offre d'«opportunité exceptionnelle» pour les Innus de Pessamit. «Je me questionne à savoir si la décision du chef Picard reflète la position de l'ensemble des membres de sa communauté», affirmait-il. Cette remarque a fait bondir M. Picard. Le chef accuse le ministre de «s'ingérer dans la gouvernance» de la communauté.
Source : Cyberpresse
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