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Égypte : l'armée refuse la démission du gouvernement sur fond d'escalade de violence
Publié le 21 novembre 2011 par PlusnetLe Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir en Égypte a refusé lundi la démission présentée par le gouvernement d'Essam Charaf en réaction aux affrontements meurtriers qui opposent depuis vendredi la police à des milliers de manifestants, notamment sur l'emblématique place Tahrir au Caire.
L'information a été rapportée par la télévision publique égyptienne, citant une source militaire.
Le porte-parole du gouvernement, Mohamed Hijazi, avait précisé plus tôt que le gouvernement « continuera à remplir la totalité de ses missions jusqu'à ce que la question de la démission soit tranchée » par le CSFA.
Populaire dès sa nomination en mars dernier, M. Charaf est désormais contesté en raison de la lenteur de la mise en oeuvre des réformes et du peu de pouvoir de son gouvernement face à la tutelle de l'armée.
Le ministre égyptien de la Culture, Emad Abou Ghazi, a été le premier à annoncer, plus tôt lundi, sa démission pour protester contre la réaction du gouvernement face aux violences entre manifestants et forces de l'ordre.
Le gouvernement de transition égyptien s'est réuni en urgence dimanche après-midi pour tenter de désamorcer la crise. Dans un communiqué publié par la suite, il a précisé que les forces de l'ordre n'ont pas tiré avec des balles réelles dans la foule, et les a remerciées pour leur retenue. Des cartouches ont cependant été retrouvées par des manifestants.
Affrontements violents
Malgré la nuit qui tombe, des dizaines de milliers de personnes se massent toujours sur la place Tahrir, au Caire, où des affrontements les opposant aux forces de l'ordre ont fait 33 morts et plus de 1700 blessés depuis samedi.
La Coalition des jeunes de la révolution et le Mouvement du 6 avril demandent aux Égyptiens de venir manifester en masse mardi, à 16 h, heure locale (9 h, HNE), pour forcer l'armée à céder le pouvoir.
Les deux groupes, qui réunissent de jeunes Égyptiens de tous les horizons, exigent :
la démission du gouvernement du premier ministre Essam Charaf;
la formation d'un gouvernement de salut national;
une réforme du ministère de l'Intérieur;
une élection présidentielle en avril 2012. À l'heure actuelle, cette élection est prévue à la fin de 2012 ou au début de 2013.
Les manifestations se déroulent à une semaine des premières législatives organisées depuis la chute de l'ex-président Hosni Moubarak, contraint à la démission dans la foulée de manifestations monstres tenues place Tahrir l'hiver dernier.
À plusieurs reprises au cours de la fin de semaine, les forces de l'ordre ont tenté de disperser les manifestants, mais en vain.
Lundi encore, la police a lancé des gaz lacrymogènes sur des groupes de manifestants, qui ont répondu avec des jets de pierre. Reuters rapporte que des policiers ont notamment attaqué un hôpital de fortune situé non loin de la place Tahrir.
Source : Radio-Canada
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