Des espaces surdimensionnés, des routes interminables, des paysages de Far West, bienvenue au cœur de l’Amérique. Pas n’importe où, dans les profondeurs de la Caroline du nord, traversée par une des chaines de montagnes les plus étendues au monde, les Appalaches. Nous sommes loin des grandes métropoles des côtes américaines, le rythme de vie est complétement différent, il faut aimer les grands espaces et les locaux se mêlent aux touristes pour le meilleur et pour le pire. Cécile, installée à Asheville depuis 2006 nous en dit plus sur son expérience outre-atlantique :
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Je m’appelle Cécile, j’ai 27ans. Je travaille dans le tourisme et je suis mariée avec un américain. J’ai fait mon premier voyage aux USA en 1997 pour rende visite à mon parrain. En 2004, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Je suis aux USA depuis 2006 et titulaire de la fameuse carte-verte.
Je me définirait comme randonneuse, coureuse, gourmande, et photographe amateur.
Pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi de vous installer en Caroline du Nord?
Tout simplement car c’est là que mon mari vivait lorsque nous nous sommes rencontrés. Mais j’avoue être aussi tombée amoureuse de la région. J’ai vécu dans d’autres régions des USA (le Texas et le Sud de la Géorgie) et je ne me serais pas vu y vivre aussi facilement qu’à Asheville.
Asheville depuis le Grove Park Inn Resort and Spa
Avez-vous prévu de revenir dans l’hexagone?
Pour des vacances oui, bien sur. A long terme, ce n’est pas encore forcément dans nos projets mais j’aimerais. Il faut déjà que mon mari assimile ma langue.
Quel(s) obstacle(s) / difficulté(s) avez-vous rencontré lors de votre arrivée dans le pays?
Je suis arrivée avec un visa de tourisme (B-2), pensant rester 6 mois chez mon petit-ami. Nous avons vite compris que nous n’avions aucune envie de jouer la longue distance une fois de plus. Mais il nous a fallu un moment avant de décider de nous marier. Ensuite, c’est toute la paperasse pour obtenir la carte-verte. Le plus dur pour moi ça a donc été de passer plus d’un an sans pouvoir travailler et une bonne partie à vivre au milieu des bois. Le stress de l’immigration ce n’est jamais évident.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué lorsque vous êtes arrivée aux États-Unis?
L’amérique c’est grand! Je ne me lasse jamais de voir qu’il faut souvent rouler des heures pour changer de paysages, le tout sur d’immenses routes qui semblent interminables. Je m’amuse aussi à entendre “Oh, il ne vit pas loin, juste à 6h de route”. A l’échelle de la France, c’est dur à imaginer.
Les Américains sont-ils, d’une manière générale, accueillants?
Oui, particulièrement du fait que je sois française, je pense. La France a cet aura de culture et de glamour qui donne en général une réaction très positive de la part des gens que je rencontre. Ils montrent souvent de la curiosité, veulent savoir d’où je viens et pourquoi je suis là.
Vous êtes parti d’un paysage montagneux (Pyrénées) pour une région géographiquement similaire. Malgré tout, je suis sûr que vous avez noté des différences culturelles (et pas seulement) entre ces deux régions?
La ville où nous vivons qui est composée principalement de gens venus d’autres régions, c’est donc très multiculturel. Je n’ai pas le souvenir de villes qui bougent autant dans les Pyrénées. Par contre, dés qu’on sort des villes principales c’est vraiment le Sud, un accent très fort et des gens un peu Red-Neck comme ils disent ici.
Je trouve qu’ils savent vraiment mettre leurs montagnes en valeur et y attirer des visiteurs, je pense en particulier à l’automne dont ils promeuvent les couleurs, et ça marche!
En terme de Gastronomie, le Sud met un honneur à frire tout ce qui peut être frit: pommes de terre, poulet, dinde, pain, barres chocolatées, j’en passe et des meilleures. Un peu différent de ce que l’on trouve dans les Pyrénées.
Plat de BBQ ribs, cornbread, purée de patates douces et coleslaw au restaurant "12 Bones"
La cuisine américaine diffère, en tout point, de la cuisine traditionnelle française. Que nous conseillerez-vous comme spécialité à gouter absolument en Caroline du Nord?
Le BBQ, celui de Caroline du Nord a une base de vinaigre, mais cela se trouve plutôt dans les plaines. Les grits qui sont un peu comme la polenta, servit au petit-déjeuner. Par contre, évitez les okras à moins d’aimer les légumes à consistance visqueuse. Et n’oubliez pas que l’Ice Tea est toujours très sucré.
Les français sont-ils appréciés à Asheville et sa région ?
Oui et il y en a quelques uns. J’ai trouvé deux groupes, Les Cercles de Français d’Asheville qui se réunissent une fois par mois et sont composés de francophones; et le French Meet-up avec des francophiles.
Il y a aussi quelques professionnels français qui sont respectés. Je pense au Chef du restaurant Bouchon ou encore à l’un des maître de chais du domaine de Biltmore.
Par contre j’ai un mauvais souvenir à quelques heures au Sud d’ici, chez ma belle-mère. Il y a deux ans, nous sommes rentrés dans un restaurant (pourtant récent) qui servait des Freedom Fries. Ça m’est un peu resté au travers de la gorge.
Selon vous, quel(s) est l’atout(s) majeur(s) d’un état comme la Caroline du nord par rapport à des zones plus touristiques situées sur les côtes Est/Ouest des États-Unis?
On est un peu moins dans le cliché classique de la Californie ou de New-York. Ici c’est la vie de l’Amérique parfois profonde, sans forcément les avantages internationaux des grandes villes. On apprends a vivre la vie des locaux, à faire sans certains produits alimentaires que l’on trouve plus facilement dans les zones qui attirent déjà beaucoup de français.
Je dirais que c’est la vie de la vraie Amérique. Un peu comme la vie parisienne n’est pas vraiment représentative de la vie dans d’autres régions de France.
Les Appalaches, grand ensemble montagneux, indispensable espace de promenade mais assez vaste en terme d’espace. En tant qu’amoureuse de la montagne, avez-vous des lieux spécifiques à nous conseiller pour des randonnées insolites, que ce soit autour de Asheville ou au-delà?
La liste pourrait être très longue… Nous allons principalement dans la Pisgah National Forest dont une partie est accessible via la Blue Ridge Parway, une route scénique gérée par les parcs nationaux.
Looking Glass Rock, Pisgah National Forest
J’aime le secteur de Black Balsam ou l’on peut faire certaines sections de l’Art Loeb Trail; le sommet de Pisgah Mountain, facile mais avec une belle vue, la crête des Black Mountains, le parc privé de Grandfather Mountain ou le parc d’état de Chimney Rock (la cascade est dans le film Le Dernier des Mohicans). Et puis bien sur le Parc National des Smoky Mountains, là je n’y ai fais que quelques randonnées, mais j’ai beaucoup aimé.
Quels sont les gestes de bonne conduite à adopter en Caroline du Nord afin d’éviter l’incident diplomatique?
Vous allez voir le drapeau confédéré flotter ici et là. Ce n’est pas forcément un symbole d’esclavagisme pour eux mais plutôt le souvenir d’une identité séparée, il y a plein de raisons pour lesquelles ils se sont rebellés contre les Yankees.
L’Ice Tea est toujours du sweet tea (thé sucré), donc ne demandez pas du sweet ice tea.
J’éviterais aussi de demander de la mayonnaise pour aller avec les frites, je crois que ça les choquent un peu.
Éviter aussi les discussions religieuses car le Sud est très religieux et on ne sait jamais sur qui on tombe. Mais bon les Sudistes sont quand même super accueillants et connus pour la Southern Hospitality donc en général ça se passe bien.
Racontez-moi votre meilleur et votre pire souvenir?
Mon pire souvenir: le jour où nous déménagions, une voiture de police m’est rentrée dedans car elle allait trop vite et ne s’est pas arrêtée au stop, elle était 100% responsable. Les cervicales ont pris cher mais heureusement c’est surtout la voiture qui a pris le coup. En dehors de l’accident lui même, il y a eu le côté financier encore moins amusant dû au système.
L’assurance de la ville a attendue d’avoir fini les soins pour me rembourser, j’ai donc du tout avancer de ma poche, ils n’ont couvert que la voiture (et encore). J’ai du passer par mon assurance pour le reste.
Le meilleur souvenir: épouser mon mari deux fois.
Château de Biltmore Estate
Cela fait 5 ans qui vous habitez aux Etats-Unis. Je suppose que vous avez eu l’opportunité de voyager à l’intérieur du territoire. Quel endroit au-delà des frontières de la Caroline du Nord vous a conquise?
Hawaï. J’ai la chance d’avoir mes beaux-parents sur l’île de Maui.Quel changement de paysage, et de rythme de vie aussi. Les odeurs sont différentes, la végétation varie, la découverte d’une autre langue, l’Ahi Poki ou le Lomi Lomi Salmon, les volcans, les baleines à bosse.
J’ai le souvenir d’une sortie en outrigger canoe où un baleineau nous a offert un saut complet, magnifique.
Je ne m’y vois pas forcément y vivre, mais j’y passerais bien plus de temps. Surtout que mon mari et moi aimerions faire la randonnée qui part de Kaupo jusqu’au sommet d’Haleakala.
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