Coucou, les gens
L’autre jour, le Dr Slurp et M’zelle Sonson se baladaient downtown Geneva. Avec un objectif atchement précis: acheter une truffe. C’est que M’zelle Sonson s’est récemment entichée des parfums telluriques et impérieux dudit champignon. Et exige depuis de les renifler régulièrement, de préférence tous les soirs, au dîner, dans son assiette.Son paternel en a conçu une certaine fierté. Que sa descendance fasse montre de goûts à ce point raffinés, qu’elle préfère la melanosporum au Big Mac, voilà qui le caresse dans le sens du poil gastronomique.
Reste un détail. Le prix du machin. Douloureux, le prix. Voire total ouf. L’autre jour donc, le tandem pousse la porte d’une épicerie de luxe et se met à rêvasser devant deux cloches, respectivement pleines de truffes blanches d’Alba et de truffes noires d’automne, notoirement inodores autant qu’insipides. Avisé, le Dr Slurp se fait peser la plus petite des Piémontaises, à peine plus volumineuse qu’une burne de paon. La dame s’exécute gentiment, pianote sur sa bascule. Et prononce la sentence: 89 francs. QUATRE-VINGT NEUF BALLES!!! POUR UNE MICRO BOULETTE!!!! M’ENFIN!!!! QUI C’EST LA TRUFFE????
On est reparti le plus dignement possible, avec dans la besace une petite boite d’éclats de truffes noires à 28 francs. Et la sensation que la lutte des classes pourrait bien flamboyer encore. Oui, Groucho.
Le soir même, M’Zelle Sonson engloutissait, ravie, ce velouté de panais aux éclats de truffe noire (à 28 fr. la boîte) dont voilà la recette simplette.
Pelez les panais, coupez en morceaux. Couvrez-les d’eau salée dans une casserole. Portez à ébullition pépère et laisser glouglouter jusqu’à ce que la racine s’abandonne sous la pointe de votre couteau.
Mixez avec l’eau de cuisson. Puis montez votre purée jusqu’à texture onctueuse, en alternant giclées de lait et lichettes de crème fraîche. Assaisonnez. Râpez un poil de muscade. Puis répartissez dans des jolis bols. Coiffez enfin de graines de sésame noir, d’éclats de truffe noire et d’un filet d’huile d’olive. Puis servez en chantonnant l’Internationale, qui est quand même une chanson drôlement bonnarde.
Bien à vous, mein choux