Les amateurs appelés « cazinophiles » s’intéressent aux éditions dans le petit format in-18 (127 x 80 mm), auxquelles ils ont donné le nom de « Cazins », mais Cazin a aussi édité des ouvrages dans les autres formats plus grands (in-12, in-8° et in-4°).
1724 : naissance le 22 mai, à Reims, rue des Tapissiers (actuelle rue Carnot), fils de libraire.1755 : fils de libraire, il est reçu dans la communauté des libraires, imprimeurs et relieurs de Reims, à sa première demande, conformément au règlement de 1623, et succède à son père décédé.1757 : client des frères Cramer, à Genève.1758 : épouse, à Soissons, Marie-Françoise Duhamel, fille d’un maître brasseur, et devient le beau-frère du procureur au bailliage ducal de Reims, Nicolas Gerbault.1759 : destitué de sa qualité de libraire pour vente de livres prohibés.1760 : réhabilité, il commence à faire des affaires avec Pierre Rousseau et son beau-frère Charles-Auguste Weissenbruch (futurs fondateurs en 1768 de la S.T.B.), à Bouillon. 1762-1763 : chargé de dresser le catalogue et de faire la saisie des livres interdits de la bibliothèque des Jésuites de Reims qui avaient été bannis du royaume.1764 : perquisitions à Bouillon (chez le libraire Luc Trousseaud) et à Reims (chez Cazin) : on trouva chez Cazin et chez Trousseaud les mêmes livres prohibés et les preuves de leur provenance de Sedan et de Liège. Cazin fut une seconde fois destitué.1765 : réhabilité, Cazin se fait plus discret pendant 9 ans.1773 : aide son beau-père à installer une brasserie rue du Marc. Déménage sa librairie sur la nouvelle place Royale (actuel salon de coiffure, en face de la banque Société Générale).1774 : libraire de l’Université de Reims.1775 : client de la S.T.N., fondée en 1769.1776 : dénoncé, Cazin fut condamné à l’embastillement (pour la première et dernière fois) du 10 octobre au 16 décembre.1777 : cherche à s’installer à Paris.1779 : il fait la connaissance de Jacques-François Valade, imprimeur-libraire, rue des Noyers (boulevard Saint-Germain, Ve), qui venait de fonder une collection in-18 sous la rubrique de Londres. 1780 : associé périodiquement aux activités de la librairie de Valade. 1782 : s’installe définitivement à Paris chez Valade.Première édition in-18, en association avec Valade, Les Jardins, par l’abbé Delille, imprimée par Pierres.1783 : chargé par Jean-Charles Le Noir, lieutenant général de police de Paris, ami de Valade, de surveiller le pilonnage des livres à la Bastille (Cazin emportait une valise pour y mettre son déjeuner, à l’origine de l’invention de l’anecdote de « la valise toujours prête » pour l’embastillement). Cesse de commander des « livres philosophiques » à la S.T.N.1784 : collection in-18 « Petite bibliothèque de campagne ou collection de romans », imprimée par Valade en 1784 (Henry et Sarah Fielding, Smollett et Goethe : 8 titres en 24 vol.).Valade meurt le 24 juin : sa veuve lui succède jusqu’en 1799.1785 : « Collection des poètes italiens » in-18, imprimée par Jacob, à Orléans, de 1785 à 1787 (Le Tasse, Guarini, Tassoni, Pétrarque, Bonarelli, Pignotti, L’Arioste, Beccaria et Dante : 12 titres en 18 vol.).1786 : Cazin quitte la rue des Noyers pour la rue des Maçons (rue Champollion, Ve). Cazin est alors propriétaire d’un dépôt de petits formats brochés et de gravures dupremier tirage de l’imprimerie Valade. Il fait graver les mentions « Édition de Cazin. » ou « Collection de Cazin. » sur les planches de cuivre qui lui avait été cédées, signant ainsi, théoriquement, le second tirage des titres gravés, des frontispices et autres figures. C’est pourquoi certains volumes de la collection in-18 mis en vente par Cazin ont une ou des gravures portant cette mention, fort noire par rapport à la lettre ancienne plus pâle : ils sont des volumes de réemploi sortis du dépôt hérité.1792 : déménage rue du Coq-Saint-Honoré (rue de Marengo, Ier).1793 : déménage rue Pavée-Saint-André (rue Séguier, VIe).Dernière édition in-18 connue, les Œuvres de Colardeau, imprimées à Paris par Glisau et Pierret, en 3 vol. 1795 : blessé le 13 vendémiaire an IV (5 octobre), rue du Dauphin (rue Saint-Roch, Ier), il meurt le 15 (7 octobre). Sa femme lui succède.Inhumé dans le cimetière de l’église Saint-André-des-Arcs.
On doit à un libraire rémois, Charles Brissart-Binet (1814-1866), la première synthèse des rares publications parcellaires sur Cazin, intitulée Cazin. Sa vie et ses éditions. (Cazinopolis [Reims], s.n. [Brissart-Binet], 1863). Cet ouvrage est resté la bible des cazinophiles, malgré ses grossières erreurs et « arrangements » avec les archives, et les critiques justifiées d’un libraire parisien, Corroënne, qui n’a fait qu’ajouter une division arbitraire en cinq périodes triennales dans la nomenclature des éditions, dans son Manuel du cazinophile (Paris, A. Corroënne, 1877).
Contrairement à ce qui a été écrit tout au long du xixe siècle, Cazin :- n’a jamais eu de femme prénommée Henriette-Françoise, mais Marie-Françoise.- n’a jamais eu de fils (invention de l’érudit rémois Lacatte-Joltrois)- n’a jamais eu quatre filles, mais cinq : la troisième, et non la seconde, fut inhumée au cimetière de Montmartre, et non à celui du Père Lachaise.-n’est pas mort le 13 vendémiaire an IV, mais le 15.-n’a jamais été emprisonné à la Bastille plusieurs fois, mais une seule fois en 1776.n’a jamais eu de valise toujours prête pour y séjourner (invention de son petit-fils, l’écrivain Chaalons d’Argé).- ne s’est pas installé définitivement à Paris en 1789, mais en 1782.- n’a pas habité successivement dans le cul-de-sac Saint-Honoré, puis dans la rue des Maçons-Sorbonne, dans la rue des Noyers et dans la rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, mais rue des Noyers, rue des Maçons, rue du Coq et rue Pavée.n’a jamais tenu de salon littéraire (invention de Brissart-Binet).-n’a jamais été imprimeur-n’a jamais édité de livres pornographiques, en particulier Le Meursius françois, ou entretiens galans d’Aloysia (Cythère, s.n., 1782, 2 vol. in-18, frontispice et 12 gravures non signées attribuées à F.-R. Elluin) et La Tentation de saint Antoine (Londres, s.n., 1782, in-18, frontispice et 8 gravures non signées attribuées à F.-R. Elluin).-n’a jamais été responsable du papier azuré, des caractères, des fleurons, des dispositions typographiques, des gravures, des catalogues qui se trouvent dans les petits formats, ni de leur reliure caractéristique : tout, ou presque, est l’œuvre de Valade.-n’a jamais utilisé les presses de Fruard et Cailleau, qui n’ont jamais existé.-n’a jamais commandé 332 éditions de 1758 à 1793 (plus de 500 dit Brissart-Binet dans sa «Préface»), mais 70 de 1769 à 1793, dont 56 in-18 – en 114 volumes –, de 1782 à 1793.LBR + H