Ce matin, juste avant que la pluie ne déferle sur la capitale, en pleine grisaille, devant l’épicerie où je me rendais pour la nourriture de mes chiens : - « Mais je n’en peux plus de ce chien, je dois lui trouver une garde… Je le prendrais de temps en temps… Les canapés sont tout blanc…il perd ses poils…. » Je me demande ce que cet homme, les bras chargés de courses, raconte tandis que sa petite fille tient de ses mains sa trottinette et son chien au bout d’une laisse à rallonge qui coupe le passage d’une mamie que je rattrape au vol afin que celle-ci ne s’étale pas sur le carrelage du magasin et que tout ce petit monde ne finisse aux urgences ou au commissariat ! Je demande à ce monsieur pourquoi il semble désespéré à ce point. Alors, il m’explique qu’entre ses ados qui ne suivent plus les cours régulièrement et sa petite, le chien est un danger, un criminel, s’exclame t-il ! J’écoute ce père partir dans tous les sens, parler du chien comme d’un assassin qui lui tue sa vie. Il me confie qu’entre ses poils, sa gamelle, ses sorties, il n’en peut plus. C’est une sorte de discours confus dans un brouhaha d’incohérence. Et tandis qu’il s’accrochait à notre discussion je me permets de pousser l’histoire lui expliquant que je défends les animaux et que l’on ne peut pas prendre un chien et le donner ou le déposer. Il me rétorque, avec un peu d’humour tout de même que lorsque sa machine à laver ne marchait plus il l’a déposée sur le trottoir le jour des encombrants. Mais un chien ce n’est pas une machine ? Oui mais… - « Mais ou est la mère des enfants ? » - « Elle travaille jour et nuit dans un hôpital », dit-il complètement accablé et impuissant. Alors je crois comprendre que ce n’est pas avec votre chien que vous avez un problème, c’est avec votre femme ! -« Vous pensez pouvoir la déposer sur le trottoir ? »