Par Mathieu Saint-Jean
Le métal n’aurait jamais été le même sans l’apport d’Ozzy Osbourne. Il lui aura donné une voix, une image et des thèmes à aborder. Appuyé par Tony Iommi (guitare), Geezer Butler (basse) et Bill Ward (batterie), le Prince des Ténèbres (ou Parrain du métal) aura contribué à une série de huit albums qui auront défini les fondations d’un style musical qui depuis, n’aura jamais cessé d’accroître sa popularité dans le monde.
Pour toutes ces raisons, il était donc impensable de passer sous silence le retour en studio de la mouture originale de Black Sabbath. Une première depuis 1978 pour le quatuor britannique. Un neuvième enregistrement studio devrait parvenir à nos oreilles d’ici l’automne 2012 et sera supervisé par Rick Rubin (passé maître dans l’art de ressusciter des carrières). En attendant, retour sur huit morceaux qui auront marqué la carrière de ses pionniers du métal.
N.I.B.
Black Sabbath n’a pas perdu de temps avant d’afficher ses couleurs. Déjà avec son premier album (Black Sabbath, 1970), le groupe de Birmingham affirme haut et fort à qui veut bien l’entendre son obsession pour tout ce qui touche l’au-delà. La pièce que plusieurs identifient (à tort) comme étant Nativity in Black (N.I.B.) en demeure le meilleur exemple. Ozzy y prend la parole au nom de Lucifer. Un Lucifer qui tombe follement en amour avec une femme et songe à quitter le côté sombre.
Planet Caravan
Seulement six mois après avoir scandalisé le monde entier avec ses thèmes sombres, Black Sabbath récidive avec un deuxième opus qui demeure, encore à ce jour, considéré comme le meilleur album métal jamais enregistré. Il aurait été facile d’en extirper la pièce titre ou Iron Man. Cependant, Planet Caravan représente possiblement la pièce phare de l’album. Une des rares infiltrations (sinon la seule) du groupe dans l’univers psychédélique. On se dit que la voix filtrée d’Ozzy pourrait bien avoir influencée l’enregistrement de No Quarter (Led Zeppelin, 1973), tandis que le jeu d’Iommy aurait facilement pu meubler le space rock d’Hawkwind.
Children of the Grave
Pour son troisième album complet, Black Sabbath décide de ralentir légèrement le tempo et de s’aventurer dans la musique stoner. Master of Reality est marqué par le changement de tonalité de la guitare de Tony Iommi. Un changement de son qui pourrait avoir eu un impact certain sur le son sale des guitares grunge. Côté écriture, les membres s’attardent sur les religions, la marijuana et la guerre. Tout comme War Pigs, Children of the Grave se veut une hymne anti-guerre. Un des quelques morceaux que Ozzy aura gardé l’habitude de jouer fréquemment en spectacle durant sa carrière solo.
Changes
Black Sabbath Vol.4 amène le groupe à déplacer ses séances d’enregistrements en Amérique. Une première pour le groupe qui carbure désormais à la cocaïne et à l’alcool. Après avoir investi la moitié du budget alloué à l’enregistrement dans ses substances illicites, ils quittent le studio avec de nouvelles compositions qui les déçoivent quelque peu. Avec le recul, l’album se défend néanmoins très bien et un morceau ressort particulièrement de ces sessions. La ballade Changes composée entièrement au piano et au mellotron par Iommi et qui se veut un croisement entre Elton John et les Guess Who.
Sabbath Bloody Sabbath
En 1973, Black Sabbath s’apprête à lancer son cinquième long jeu en 4 ans. Ils souhaitent poursuivent leur travail en Californie, mais les excès commencent à peser lourd sur la créativité du groupe. Après un mois perdu en studio sans résultat concluant, ils décident de retourner en Angleterre. Arrivés là-bas, ils louent un donjon qu’ils convertissent en studio et retrouvent soudainement l’inspiration. Sabbath Bloody Sabbath présente un groupe fidèle à ses racines métal, mais dont les influences extérieures (principalement les cordes et les claviers) sont de plus en plus présentes.
Am I Going Insane (Radio)
Aux yeux d’Ozzy, Sabotage (1975) pourrait bien souligner le début du règne obsessionnel de Tony Iommi en studio. À partir de ce moment, il souhaite réaliser lui-même les albums du groupe et concrétiser ses visions personnelles. En résulte un album décousu qui est beaucoup moins rock ses prédécesseurs. Des interludes, des morceaux instrumentaux, beaucoup de claviers et une chorale, c’est ce que l’on retient de ce qui pourrait être considéré comme le premier essai solo d’Iommi.
You Won’t Change Me
Sur Technical Ecstasy (1976), le septième album de Black Sabbath, le quatuor continue de s’éloigner de sa signature métal. Les allusions au Diable sont remplacées des histoires de prostitutions et de revendeurs de drogue. Quant à elles, les guitares pesantes sont souvent remplacées par des claviers. Un album sous-estimé, qui présente un groupe en avance sur son temps et qui réussi à mener à bon port des idées qui demeuraient parfois floues sur ses parutions précédentes.