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Bienvenue à Ghallywood

Publié le 21 novembre 2011 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile
Ci dessous un article d'Alexandre Coste , paru le 19 novembre 2011, que vous pouvez retrouver sur le site de Marianne2.

"Bienvenue à Ghallywood 

Tout le monde connaît ces deux Eldorado de la production cinématographique que sont Hollywood et son pendant indien Bollywood. Plus initiés sont les familiers de Lollywood (ça ne s’invente pas) renvoyant à l’industrie filmique du Pakistan, et de Nollywood, avec un N for Nigeria. Aujourd’hui et toujours en Afrique, petite incursion dans l’univers merveilleux de Ghallywood.

Bienvenue à Ghallywood
  La production massive de films (condition sine qua none d’obtention du titre « -llywood »)  va de pair avec le cinéma d’exploitation, et donc le cinéma de genre. Derrière cette qualification fourre-tout se cachent pêle-mêle les films d’horreur, d’action, de SF, les westerns, péplums, policiers et même le cinéma pornographique. Tous ces films ont en commun d’être généralement choisis par le public en fonction du genre auxquels ils appartiennent plus que par le nom de leur réalisateur.
 
C’est un cinéma avant tout populaire, donc calibré selon les attentes de l’audience, et cette orientation mercantile induit des qualités cinématographiques variables d’un film à l’autre. Même si les standards permettant de juger de la réussite d’une production appartiennent au domaine du subjectif, peut-être serait-il permis d’avancer que pour un film d’exploitation, les qualités sont d’abord d’ordre « technique » : chorégraphie d’une scène d’action, d’une poursuite, mise en valeur d’une explosion, taux d’hémoglobine versé, décors fantaisistes, voire plastique des acteurs principaux... Pour faire bref, le cinéma de genre est un cinéma de divertissement, transgressif, universel, répondant à un certain nombre de codes et emprunt d’une écriture très visuelle.
 
Cette universalité nous amène donc à voyager aujourd’hui en terres ghanéennes, où le développement d’un parc équipement numérique à faible coût a favorisé l’émergence d’une production cinématographique dynamique (environ 150 films vidéo sont produits chaque mois). Les circuits de diffusion, multiples, entretiennent un lien étroit avec le public. L’on trouve par exemple pléthore de magasins de location, et les DVD sont vendus jusque dans des boutiques de cosmétique !
S’inspirant des contes locaux et d’une tradition de théâtre ambulant, le cinéma ghanéen utilise le genre pour aborder des thématiques sociales telles que la prostitution, le sida ou encore les violences urbaines. Si beaucoup de ces films ont un rendu très « cheap », proche de l’amateurisme, quelques productions plus nanties, à l’image de « The Perfect Picture  », commencent à rivaliser avec les standards techniques occidentaux et asiatiques.
L’industrie locale doit toutefois affronter un certain nombre de problèmes. Il y a tout d’abord la concurrence féroce avec le Nollywood susnommé, donc les films à la technique plus aboutie séduisent de plus en plus de ghanéens.  Et le twi (dialecte largement répandu au Ghana) n’est pas compris dans les pays voisins, ce qui limite les perspectives d’exportation. Restent les productions en langue anglaise, qui s’affranchiront peut-être plus facilement des frontières.
Au milieu de cette production foisonnante, l'on dénote la présence de nombreux rip-off (plagiats) de blockbusters américains, voire même de jeux-vidéos japonais. « Hollywood a tellement desservi la race noire, mais lorsque nous avons la possibilité de raconter nos propres histoires, nous confirmons la même chose : nous faisons même pire que Hollywood », se désole le réalisateur ghanéenKwaw Ansah lors d'un entretien paru sur le site web d'Africultures « C'est un constat très douloureux ».
Douloureux sauf, peut-être, pour l'amateur de nanars sachant apprécier quelques bonnes scéances de tortures cinématographiques. Des titres aussi évocateurs que 2016, The Killer ou Nkrato 1, 2 et 3 peuvent dans un premier temps titiller la curiosité des cinéphages déviants amateurs de mauvais films sympathiques.  Une fois quelques bandes-annonces visionnées, nul doute que la conversion sera totale et que ces derniers se procureront de toute urgence quelques-unes de ces pépites exotiques. Peut-être peuvent-ils d'ailleurs commencer par visiter cette galerie virtuelle haute en couleur, recensant 250 jaquettes de films principalement américains mais croquées au pinceau ghanéen. " Pour aller plus loin, cet article sur the Ghallywood Film Academy   

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