L'écrivain mexicain Daniel Sada vient de mourir ce vendredi 18 novembre à Mexico à l'âge de 58 ans. A lire le blog du journaliste Christian Tortel Papalagui.
Paris, mars 2009
Daniel Sada, poète et narrateur, est né en 1953 à Mexicali, dans l'État de Basse-Californie-du-Nord, au Mexique. Certains de ses textes ont été traduits en diverses langues (notamment en anglais, en allemand, en hollandais).
Daniel Sada
envoyé par Karim Benmiloud
« Les cadavres arrivèrent à trois heures de l'après-midi. Une camionnette les amena - en tas, à l'air libre -, tous criblés de balles comme il fallait s'y attendre. Sous la morsure d'un soleil de plomb, des regards surpris : il y avait de quoi quand on voyait comme ça se balader dans le village toute cette viande amoncelée ; des gens du coin ? Il fallait vérifier. » Les corps de ceux partis manifester contre la fraude électorale sont rendus aux familles, puis l'armée occupe les lieux, le couvre-feu est instauré, les communications et les vivres sont coupés. Le maire-cacique de Remadrín est à son tour assassiné, le village sombre peu à peu dans la ruine et des fantômes, toujours plus nombreux, hantent les rues...
« L'histoire du Mexique s'est toujours écrite avec le sang », déclare l'auteur de cette oeuvre joycienne. La violence poussée jusqu'à la caricature y est décrite à travers le quotidien de 90 personnages hauts en couleurs, tous corrompus, voleurs, assassins, menteurs ou lâches, tragicomiques à leur façon, grotesques presque toujours. Une abondance de scènes burlesques, d'où résonnent dialectes du Nord, néologismes et tournures classiques, tentent de cerner la vérité d'un pays qui « adore le mensonge » et craint les vérités douloureuses, selon Daniel Sada. « Jamais personne ne peut dire le dernier mot sur le Mexique. Sa réalité est sale, mais d'une saleté spéciale : excrément et douceur. »
Considéré par Roberto Bolaño comme « le plus baroque d'entre nous, celui qui, sans aucun doute, est en train d'écrire l'une des oeuvres les plus ambitieuses de notre langue », Daniel Sada est né en 1953 à Mexicali, sur la désertique frontière américaine. Journaliste et poète, c'est en 1999 avec Porque parece mentira la verdad nunca se sabe (L'Odyssée barbare) qu'il connaît la consécration et que Carlos Fuentes voit en lui une « révélation pour la littérature mondiale ». En novembre 2008, Daniel Sada a obtenu le prestigieux prix Herralde pour son roman Casi nunca.
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Claude Fell.
Ecrit sur un fond de province universel où se mêlent kitch local et abîmes individuels, ce roman fascinant porte sur le thème de la gémellité. Deux sœurs jumelles s'adonnent à la couture et au vertige de leur ressemblance, mais que se passera-t-il quand Oscar, le paysan naïf, tombera amoureux de Constitución en ignorant l'existence de Gloria ? Ce récit constitue une sorte de poème à la fois drôle et mélancolique, ironique et plein de compassion. Né en 1953 à Mexicali, au Mexique, Daniel Sada a reçu l'un des plus importants prix littéraires de ce pays, le prix Xavier-Villaurrutia.
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Roberto Amutio.