Ils n'ont rien compris. Les éditorialistes professionnels se sont précipités comme des lions affamés sur un morceau de steak.
Il fallait dire quelque chose de l'accord électoral entre Europe Ecologie Les Verts et le Parti Socialiste.
La négociation cet accord a aussi été l'occasion d'un déchaînements de critiques caricaturales de la part de la totalité du
camp sarkozyste. La meute s'est lâchée, et même le Monarque a cru bon d'y perdre ses nerfs. Cette crise de nerfs, au sommet de l'Etat, alors que le pays avait quelque peine à emprunter à un taux
décent sa tranche de 7 milliards d'euros pour financer ces déficits, illustrait bien combien cette alliance électorale faisait peur au Palais de l'Elysée.
Un accord pour virer les députés UMP
Cette négociation ne fut pas sans rebondissements, mais ces derniers étaient somme toute bien légers et prévisibles. Les
écologistes sont favorables à une sortie du nucléaire, les socialistes non. Il était assez évident qu'il faudrait de la dispute et du compromis pour parvenir à un quelconque résultat. Les
journalistes politiques avaient soif de chroniques politiques. Le président français joue encore à cache-cache.
Il fait campagne sans se déclarer candidat. Il n'a aucun programme à part faire des études qualitatives pour déterminer qui
il doit caresser et sur qui il doit taper à chacun de ses déplacements provinciaux hebdomadaires. Ses suppôts sont bien en peine de défendre un bilan - on le cache derrière la Grande Crise - ou
un programme pour 2012.
Quand le camp écologique se dota d'une candidate, à l'issue de ses primaires, l'Elysée s'interrogeait. Certes, l'opposition
se divisait. EELV avait récolté de si bons scores aux élections intermédiaires (européennes, régionales) qu'il était toujours une bonne nouvelle de constater qu'ils décidaient de faire camp à
part pour le scrutin présidentiel. Mais cette division permettait aussi d'élargir les suffrages. Seulement voilà, les écologistes n'avaient pas abandonné l'idée de sécuriser un accord électoral
pour les ... législatives.
Nicolas Sarkozy, François Fillon, leurs sbires et autres lieutenants de propagande faisaient semblant de ne pas comprendre.
François Hollande ne négociait rien. L'objet n'était même pas un contrat de gouvernement. Il ne s'agissait que d'un accord électoral pour s'allier et débouter l'UMP de ses circonscriptions. Jeudi
matin, Cécile Duflot expliquait que l'accord consacrait une alliance mais reconnaissait des désaccords.
D'où le stress, l'inquiétude, la peur tétanisante qui frappa cette Sarkofrance.
Le stress à l'Elysée
Avez-vous entendu Nicolas Sarkozy, jeudi matin au lendemain de l'accord écolo-socialiste ? On aurait cru une déclaration de
guerre. Sarkozy s'est pris un instant pour le de Gaulle d'une France
envahie par de dangereux saboteurs, des traîtres à la nation nucléariste. Fallait-il qu'il soit inquiet pour s'exprimer ainsi, et sortir de sa posture reculée qu'il s'est imposée depuis un an
pour se « présidentialiser »...
« Je ne laisserai pas remettre en cause ce qui est un atout exceptionnel et je ne laisserai pas dilapider
l'héritage industriel et énergétique bâti ces cinquante dernières années. »
Depuis toujours, et surtout depuis Fukushima, Nicolas Sarkozy refuse tout débat sur le nucléaire. Le sujet est tabou.
Quiconque critique la politique nucléariste française est traité de fou, d'irresponsable. Pour se défendre, il est prêt à raconter n'importe quoi, comme sur le coût de cette énergie.
« Les industriels paient leur énergie 40% moins cher que les autres pays européens, grâce à cette filière industrielle du nucléaire, toutes les familles politiques françaises ont porté cet effort national sans précédent qui a permis à la France d'être au premier rang, je ne laisserai pas brader cet avantage en France, ce serait irresponsable.»
Aurait-il peur d'un référendum
?
Les conventions inutiles de l'UMP
A l'UMP, on organise des conventions. On tente de motiver les troupes. L'assistance est âgée, oisive et retraitée. Sur
l'estrade, des responsables du Parti et des ministres en cascade dont on se demande s'ils ne sont pas plutôt payés pour officier dans leur ministère.
Cette semaine, justement, l'UMP avait opportunément organisé une convention sur l'écologie. Il y avait de quoi
faire.
Les conseillers élyséens avaient choisi l'attaque, coordonné les arguments. Les mêmes éléments furent donc répéter par les
perroquets de Sarkofrance. Un clip publicitaire, évidemment coûteux, fut lancé sur Dailymotion. On y voyait un dentiste opérer un patient avec une roulette allumée comme une
tronçonneuse à pétrole. Quelle finesse de l'argumentation !
Il y a une semaine, Jean-François
Copé avait « demandé » à François Hollande de cesser toute négociation. Il rebondissait d'ailleurs sur les déclarations partisanes du patron d'EDF placé par Nicolas Sarkozy: «
Avec
les déclarations d'Henri Proglio, il (François Hollande) a le meilleur prétexte pour interrompre, dans l'intérêt de la France, ses discussions stériles avec ces Verts qui n'ont rien
d'écologique (…) qui sont proches de l'extrême gauche ». Il fallait rappeler à Copé que Nicolas Hulot aussi venait de se déclarer contre la poursuite du nucléaire.
Copé aurait dû débattre du bilan écologique de son Monarque. Nathalie Kosciusko-Morizet agissait tel un disque rayé, répétant
sur toutes les ondes
le même message: « Je ne crois pas aux partis spécialisés. (...) le parti spécialisé sert d'alibi pour le parti principal de la plate-forme politique, à gauche en
l'occurrence, le Parti socialiste. Vous avez un parti de gouvernement qui en fait ne fait pas son travail sur l'écologie et qui le sous-traite au parti spécialisé ».
Mais assume-t-elle le maigre bilan de son propre monarque ? Le nucléaire s'incarne désormais par Fukushima. La consommation
d'énergie primaire est restée stable depuis 2007, tout comme la pollution de l'air; les efforts ou encouragements d'économies d'énergie ont été inexistants. Quatre ans après le Grenelle de
l'Environnement, les belles promesses, par ailleurs timides, ont été abandonnées: report de la taxe poids lourds, assouplissements des seuils de pollution de pesticides, attentisme en matière
OGM, autorisation de circulation des 44 tonnes, abandon progressif de la fiscalité verte. Et que dire du gigantesque échec du sommet de Copenhague tant publicisé par notre Monarque en 2009
?
Sur un sujet aussi simple et consensuel que la pollution des plages bretonnes par les algues vertes, Nathalie Kosciusko-Morizet a ... attendu les tests. La ministre de
l'eco-industrie attendait des preuves... Elle avait même
préparé son décret alléger les normes actuelles d'épandage de déjections animales azotées sur les terres agricoles, on a cru au cauchemar.
Ecologiste de pacotille, la ministre a même autorisé l'extension de la chasse au pigeon ramier et autoriser la chasse de la bernache du Canada en France jusqu’au 10 février 2015.
Qui est le pigeon ?
Un lobby nucléaire mobilisé
Le lobby nucléaire s'est aussi mobilisé. Henri Proglio, président placé à la tête d'EDF par notre Monarque, s'est permis une
salve très politique: « Sortir du nucléaire en France (...) augmenterait probablement de 50% les émissions de gaz à effet de serre à cause de l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole
pour remplacer le nucléaire» a-t-il expliqué au Parisien lundi dernier. Cela « impliquerait
un investissement de 400 milliards d’euros pour remplacer le parc existant par des moyens alternatifs, ce qui se traduirait par un doublement de la facture d’électricité ». Le patron
d'EDF dénonçait la disparition d'un million d'emplois en cas de sortie du nucléaire, « dont 400.000 emplois directs et indirects de la filière nucléaire, 500.000 emplois dans les entreprises
actuellement localisées en France et très gourmandes en énergie, comme l’aluminium, qui risquerait de partir à l’étranger » et « 100.000 emplois futurs provenant du développement du
nucléaire mondial à partir de la France ».
Proglio se trompe, ou ment. C'est selon. On se souvient comment il souhaitait conserver son double salaire. Cette fois-ci,
le bordel est ailleurs. La filière nucléaire n'emploie directement, sous-traitants compris, que 100.000 personnes en France. Son estimation des emplois indirects est bien brute, sans mesurer les
emplois à créer dans les énergies alternatives. Quand aux 100.000 emplois futurs, Proglio est si visionnaire qu'il en devient Houdini.
Le million est une chimère. Henri Proglio a déjà une conception toute relative de la liberté d'expression. La Tribune publie un article révélant qu'EDF souhaiterait se désengager de l'EPR au profit de
centrales plus rentables. Sacrilège ! EDF annule tous ses investissements publicitaires dans le journal.
Sarkozy, apprenti sorcier atomique.
Il faudrait enfin rappeler l'essentiel. Nicolas Sarkozy, depuis son élection en mai 2007, a usé et abusé d'une diplomatie
atomique. Il a même créé une agence, France Nucléaire International, en mai 2008, pour apporter «
l’expertise française aux États étrangers qui souhaitent préparer leur environnement institutionnel, humain et technique à la mise en place d’une filière nucléaire civile, dans le respect des
normes les plus strictes en matière de sûreté, de sécurité, de non prolifération et de préservation de l’environnement ».
Il a aussi tenté de vendre la technologie nucléaire française un peu partout dans le monde et même dans les pires
autocraties. Même la Libye du boucher Kadhafi eut droit à son contrat. Tout comme l'Algérie, la Tunisie (de Ben Ali), l'Afrique du Sud, l'Inde, l'Arabie Saoudite, Abou Dhabi, l'Egypte. Notre Monarque avait même précisé, en novembre 2007, que l'Iran avait droit au nucléaire civil s'il renonçait à son programme militaire.
Nicolas Sarkozy a joué au Docteur Folamour.
Un irresponsable qui donne aujourd'hui de leçons.
Sarkofrance