C'est le drame pour certains, l'espoir qui renaît pour d'autres. Nicolas Sarkozy aurait réussi le tour de force de recoller à la roue de François Hollande, n'étant plus distancé que d'un point dans les intentions de vote du premier tour. Chute, effondrement ,déculottée, les adjectifs se succèdent dans les médias pour qualifier la situation de François Hollande. Pourtant, les mêmes enquêtes d'opinion prédisent toujours une large victoire du candidat socialiste avec 58% des intentions de vote.
Les prédictions de Romain Pigenel sur son blog Variae prennent corps. Coûte que coûte les communicants de l'Elysée relayés sans plus d'esprit critique par des médias moutonniers tentent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Plus prosaïquement, de nous faire croire à une version moderne de la fable du lièvre et de la tortue avec un Nicolas Sarkozy parti de loin qui coiffe sur le poteau un François Hollande trop sûr de son avance.
C'est de bonne guerre. Ce nouvel exemple de storytelling est basé sur le vieux ressort des discours performatifs du Président : affirmer des choses pour leur donner un caractère de prophétie auto-réalisatrice. Sous le vernis de la modernité, il ne s'agit que d'un bon vieux recours à la méthode Coué pour effacer le doute de la majorité présidentielle dans son champion naturel et les risques de voir émerger un recours à l'échec programmé de Sarkozy en 2012.
Cette vieille figure de style très Mitterrandienne qui vise à d'abord rassembler son camp présente néanmoins l'inconvénient de resserrer, dans un réflexe grégaire, les rangs autour de François Hollande. C'est le paradoxe de la situation actuelle et de la mise en scène de l'effritement présenté comme inéluctable de l'électorat du candidat socialiste.
Le choix stratégique pour le député de Corrèze n'est pas simple. Convient-il de faire le service minimum et de gérer son avance ou à l'inverse de prendre le risque de se découvrir dans une campagne dynamique marquée par des propositions audacieuses qu'il faudra défendre le couteau entre les dents ? Nous devrions être fixé en janvier. D'ici là, fêtes étant, ce devrait être, sans présager d'un Waterloo, être morne plaine.
Le Hollande-bashing peut bien battre son plein, la panique attendra. Le PS n'est pas encore le Titanic. On est loin de voir les courbes de tendance se croiser et s'inverser. Factuellement Nicolas Sarkozy est à ce jour au fond du trou, crédité au second tour des présidentielles de 42% des intentions de vote contre 58% à François Hollande.