L'automutilation chez les adolescents est significativement associée à des symptômes de dépression et d'anxiété, confirme logiquement cette étude, mais le plus surprenant, c'est la proportion alarmante d'adolescents qui se font mal, soit un adolescent sur 12, un résultat qui confirme globalement les données existantes. Des conclusions publiées dans l'édition du 17 novembre du Lancet, qui engagent les politiques, en cette période difficile pour la jeunesse, à prendre soin d'elle.
Cette étude de cohorte menée par des chercheurs du Kings College de Londres, du Murdoch Children's Research Institute, de l'Université de Melbourne et de Deakin en Australie corrobore les estimations existantes : Environ 8% des adolescents se font volontairement du mal et un de ces adolescent sur 10 continuera à l'âge adulte. Menée par questionnaires (9 vagues de questionnaires en ligne) auprès de 1.943 adolescents australiens sur une période de plusieurs années, en les évaluant à partir de l'âge de 14-15 ans et jusqu'à leurs vingt ans, l'étude constate qu'entre les âges de 14 et 19 ans, 8% de l'échantillon, principalement des filles, déclarent s'être automutilés. Evidemment, la méthodologie sur de telles thématiques est très délicate, car les déclarations des participants sont forcément biaisées et le phénomène peut être sous-estimé.
L'automutilation chez ces adolescents est significativement associée non seulement à des symptômes de dépression et d'anxiété, des comportements antisociaux, mais à une forte consommation d'alcool, de cannabis et de tabac. A l'âge adulte, cette proportion baisse, mais, chez les jeunes adultes, lorsqu'elle est constatée, elle est généralement liée à la dépression et l'anxiété durant l'adolescence. Donc si l'étude montre que le problème d'automutilation se résout dans la plupart des cas à l'âge adulte, il faut évidemment la considérer comme un signe prédictif important de problèmes plus graves de santé mentale qui peuvent, précisent les auteurs, mener au suicide.
L'automutilation peut prendre plusieurs formes et peut être associée à diverses circonstances émotionnelles, personnelles ou de mode de vie. Toute personne qui s'automutile nécessite des soins immédiats et de soutien et d'attention, et ses proches doivent demander de l'aide ou des conseils médicaux immédiatement. Les chercheurs définissent l'automutilation comme un acte avec un résultat non fatal par lequel un individu initie volontairement un comportement avec l'intention de se faire du mal. Ils rappellent que l'automutilation est l'un des signes prédicteurs majeurs du suicide et est particulièrement fréquente chez les jeunes femmes.
Les principales conclusions sont alarmantes:
· 8% des adolescents (149 individus, 10% des filles et 6% des garçons) ont indiqué qu'ils s'étaient volontairement fait mal ou blessés,
· plus de filles (95 sur 947, soit 10%) que de garçons (54 sur 855, soit 6%) rapporte un épisode d'automutilation,
· l'automutilation signalée consistait le plus souvent à se brûler ou à se couper,
· cependant moins de 1% des adolescents ont déclaré avoir des intentions suicidaires.
· La fréquence d'automutilation se réduit à l'adolescence tardive, de manière continue jusqu'à l'âge adulte,
· dans la phase adulte jeune, la proportion des rapports d'automutilation « tombe » à 2,6%.
· Seuls 0,8% des participants se sont automutilés à la fois à l'adolescence et à l'âge adulte.
· 1,6% ont eu un premier épisode d'automutilation pour la première fois à l'âge adulte.
· Enfin, pendant l'adolescence, l'automutilation est indépendamment associée à des symptômes de dépression et d'anxiété (HR : 3,7, IC : 95% de 2.04 à 05.09), à des comportements antisociaux (HR : 1,9, IC : 95% de 1,1 à 3,4), à une consommation d'alcool élevée (HR : 2.1, IC : 95% de 1.2 à 3.7 ), à l'usage du cannabis (HR : 2,4 IC : 95% de 1,4 à 4,4), et au tabagisme (HR : 1,8 IC : 95% de 1,0 à 3,1).
· Ces symptômes de dépression et d'anxiété à l'adolescence sont associés à l'automutilation chez les jeunes adultes (HR : 5,9 IC : 95% de 2,2 à 16).
Les chercheurs concluent que la plupart des comportements autodestructeurs à l'adolescence se résolvent spontanément, cependant les jeunes qui s'automutilent ont souvent des problèmes de santé mentale. Traiter l'anxiété et la dépression à l'adolescence pourrait être une stratégie importante dans la prévention du suicide chez les jeunes adultes.
Source:Lancet. 2011 17 November 2011 doi:10.1016/S0140-6736(11)61141-0 The natural history of self-harm from adolescence to young adulthood: a population-based cohort study. (Visuel © Vladimir Wrangel - Fotolia.com)
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