J'me demande p'us de quel côté que je suis
T'es ma richesse ma belle amie
Même si (tu penses que) tes fesses ont ben grossi
J'me sens (des fois) un peu moisi moé'ssi*
Elle s'obstinait à la petite école secondaire avec son amoureux sur le sujet.
Le plus bel âge lui, il disait que c'était 18-19-20 ans. Un âge tout près, tout près. C'était demain. Elle, elle stipulait qu'à 40 ans, les gens savaient ce qu'ils voulaient dans la vie, étaient moins fanfarons, avaient souvent une famille et une maison, se posaient assurément moins de questions, avaient généralement trouvé l'amour de leur vie, le job qui les rendaient happy happy. Mais encore...le job... selon elle travailler toute sa vie pour payer la retraite de ses parents, là était la plus grande supercherie. Travailler, pour les gens de son âge, elle le savait déjà, ce serait pour payer la facture de ses parents. C'était donc totalement surévalué. Tant qu'à le faire aussi bien s'amuser. Et à 40 ans, normalement on est placé. Voilà pourquoi pour elle c'était assurément le plus bel âge.
Pour sa part, elle vivait un rêve. Ses amies l'enviaent presque. Elle avait son chum de jeunesse à ses côtés. La case de l'amour de sa vie était cochée.
Tout lui rappelait l'autre. Les unités lui rappelaient sa fraction.
Son travail, étrangement, était son refuge. Elle y avait travaillé très très fort, pas toujours dans des bonnes conditions, et la vie lui avait offert un poste dans l'école secondaire même où elle avait passé certains des plus beaux moments de sa vie. Là où elle avait rencontré, séduit, aimé et vice-versa, le père de ses enfants. Une nouvelle virginité là elle s'était tant amusée par le passé. S'amuser au travail: objectif atteint.
Elle avait, par la force des choses, pratiquement coupé tous les ponts avec son ancienne gang d'amis car chaque fois, ce qu'on lui renvoyait en plein visage c'était des couples, des nouveaux bébés, tout ce qu'elle n'était pas, tout ce qu'elle n'était plus. Et cette nette impression que tout le monde circulait en Formule 1 pendant qu'elle conduisait sa smart... On lui renvoyait alors un échec en plein visage. Sa réalité était ailleurs. Elle devait accepter une nouvelle femme dans la vie de...voilà elle avait un ex...quel mot horrible...ex...ex comme dans expatriée. Elle se sentait expatriée sur une île. Une île où tranquillement elle se glissait dans le costume d'un scaphandrier bien qu'au fond, c'est tout juste hors de l'eau qu'elle tentait de garder sa (belle)tête.
Pas qu'elle se transformait soudainement en lesbienne mais il lui semblait que c'était exclusivement avec ses amies de filles qu'elle s'amusait désormais. Jamais elle ne riait autant qu'entre copines. De nouvelles. Pour une nouvelle vie. Ses élèves lui faisaient découvrir les textos et tous les jours les filles s'envoyaient des conneries sur téléphone. Tellement le fun. Elle s'exastiait même maintenant en écoutant certaines chansons.
Quelque part seulement nous savons.
Elle avait raison sur toute la ligne, c'était définitivement le plus bel âge.
Là où elle se trompait c'était sur la vie de couple à deux.
C'est la vie de couple qui était nettement surévaluée.
Elle était là, la vraie supercherie.
Happy B-day, Lovely J.
Tu nous manques souvent.
*En italique et en taille normale, 4 lignes du magnanime Fred Fortin.