Maurizio Cattelan, Untitled (skeleton vase), installation, 2000
Avec un tel titre, vous pourriez croire que je vais vous parler de maisons closes, sujet très à la mode ces derniers mois, hé bien non !
La Maison Rouge est un lieu d’exposition aussi connu sous le vocable: fondation Antoine de Galbert. Régulièrement, des expositions présentant des collections privées nous sont proposées.
Jusqu’au 15 janvier 2012, vous y découvrirez les œuvres émanant de la collection de Thomas Olbricht, un médecin allemand.
Son titre Mémoire du futur est parfaitement en adéquation avec son contenu. En effet, nous zigzaguons dans le temps passant du XVIe au XXIe siècle sans aucun heurt, je dirai même avec un vrai plaisir. Là est certainement le plus grand défi relevé haut la main par cette exposition, savoir mêler les genres et les époques sans se fourvoyer.
Dès l’entrée, vous tombez nez à nez avec une gravure de Dürer, maître de la Renaissance du Nord. Dans la salle suivante vous verrez la Lucas Cranach se couvrir de tatouages non loin de tortues géantes, rhinocéros et autres scarabées.
Est retrouvée ici, l’essence même de ce que sont les « Wunderkammern » littéralement les « chambres des merveilles » plus connu en France sous le nom de « cabinet de curiosité ». Ces lieux emblématiques depuis la Renaissance pour l’Homme cultivé, étaient les écrins des chefs-d’œuvre de la peinture tout autant que les réceptacles des éléments les plus incongrus comme les fameuses dents de narval que l’on faisait malicieusement passer pour des cornes de licorne.
Patricia Piccini, Litter, installation, 2010
Ce cabinet de curiosité contemporain laisse poindre le goût de son propriétaire pour l’étrange, le merveilleux et une fascination non dissimulée pour la mort. Friand de vanités hollandaises du XVIIe siècle, Olbricht nous offre également un panel de crânes tous plus réussis les uns que les autres. A noter, la présence d’une tête de mort champêtre du fameux Maurizio Cattelan d’une grande fraicheur et d’un humour toujours aussi décapant!
Les frères Chapman, autres artistes stars du marché de l’art, adeptes du blasphème, nous proposent une œuvre à l’aspect répugnant qui laisse flotter autour d’elle le souvenir des Désastres de la guerre de Goya et contribue ainsi à l’harmonie et la justesse du propos.
Tous ces éléments me font penser qu’il s’agit là d’un petit miracle muséographique et artistique que je vous recommande comme l’une des meilleures expositions parisiennes de cette fin d’année 2011.
Maison Rouge
10 bd de la Bastille
72012 Paris
Mercredi-dimanche : 11h-19h
Jeudi : 11h-21h