De Minerato Mochizuki. tome 6/10. « Pika Graphic » – en cours.
Comme tout fan qui se respecte, c’est avec délectation que je me suis jeté la semaine dernière sur ce 6ème opus de l’excellentissime « Dragon Head », tout fraichement arrivé chez nos libraires préférés. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette superbe série, je vous invite à consulter au préalable ma précédente chronique regroupant les tomes 1 à 5, c’est ici.
On avait quitté le petit groupe de survivants, « échoué » sur la presqu’île d’Izu à peine épargnée par les catastrophes aussi innombrables que mystérieuses qui semblent avoir touché de nombreuses régions du Japon. Exténués, à bout de forces, ils sont recueillis par une femme dont la maison isolée a miraculeusement résisté au désastre. Seulement voilà, l’état de santé du jeune Teru est de plus en plus préoccupante, il a sombré dans un sommeil agité et la fièvre le consume d’heure en heure. Malgré tous les efforts de la femme, les heures du malheureux semblent comptées, à moins que l’on puisse lui administrer un traitement que seul les hôpitaux étaient en capacité de délivrer… « avant »… Or la ville voisine, de par sa situation géographique, a été plus ou moins épargnée par les catastrophes et il y a de fortes chances de pouvoir y trouver les médicaments nécessaires.
La jeune Aku et l’inquiétant Nimura partent donc en expédition à la recherche du précieux sésame. Mais pour se faire, la route est longue et sans nul doute semée d’embuches. Après une marche épuisante à travers une végétation complètement dévastée et dans des conditions extrêmes, les deux jeunes gens vont rapidement comprendre qu’ils ne sont pas seul dans les bois. Ils vont tout d’abord rencontrer d’étranges personnages au crâne couturés, apathiques, qui semblent complètement désorientés mais toujours très calmes… Puis des bruits étranges aux alentours, des craquements, des bruissements, des ombres furtives qu’on discerne dans les fourrés… On apprend alors que ce n’est rien d’autre que les survivants de la ville voisine qui organisent des battues dans les bois, comme pour mieux rabattre le voyageur égaré vers le labyrinthe de béton de la cité endormie… Ont-ils tous perdu la tête ? Que manigancent-ils ? Pourquoi sont-ils tous armés de la sorte ? Il va sans dire que les intentions belliqueuses de cette étrange communauté ne tarderont pas à être découvertes par Ako et Nimura, ainsi que le terrible secret que recèle les murs de la cité…
C’est alors une traque infernale qui va débuter, une course à la survie, qui mènera nos tristes compagnons de surprise en surprise, d’horreur en horreur, dans un monde que même nos pires cauchemars ont du mal à imaginer… Le danger est partout, à chaque instant, à chaque détour et la folie guète chacun, tapie dans l’ombre, à la recherche de la moindre faille…
« Et toi… Tu pensais… Tu es différentes ? Non… Tous… Pareils… Ces hommes aussi… Eux aussi… Ils font ça… Ou… Autre chose… Mais… Vous êtes tous pareils… Vous êtes complices… Toi aussi… Tu es couverte de sang… Alors… Qui sont les vrais monstres ? Qui sont-ils… ? »
Avec « Dragon Head », les tomes passent et on ne se lace pas, c’est toujours aussi intense, toujours aussi rythmé, toujours aussi palpitant. J’ai dévoré ce sixièmes volumes en quelques instants. Après tout ils sont plutôt rares les bouquins qu’on ne lâche pas avant de les avoir terminé, qu’on emmène partout avec nous au cas où quelques minutes de temps libre nous permettraient d’avancer un temps soit peu dans un aventure palpitante… Eh bien définitivement, « Dragon Head » en fait parti à mes yeux. C’est dessiné avec classe (même si je suis loin d’être en capacité d’en parler précisément tant je suis novice en matière de manga), et surtout le scénario ne révèle aucune faille, ne tombe pas dans les nombreux pièges qu’une série post apocalyptique tend au scénariste imprudent. On ne s’ennuie jamais, au contraire, c’est avec une fébrilité toute particulière qu’on tourne chaque page de l’ouvrage, la tête emplie de mille questions, on vibre avec les personnages, on espère comme eux, on se décourage aussi et invariablement on se sent submergé, englouti par une aventure complètement hallucinante. Les jours passent et l’horreur et sans cesse plus présente, les issues, aussi infimes soient elles, se referment les unes après les autres et on regarde en spectateur impuissant le monde décrépir, le moindre espoir s’envoler en fumée. La folie serait-elle la dernière porte de sortie pour les survivants ? Qui est ce monstre toujours tapi dans l’ombre, caché dans les recoins les plus intimes de nos esprits ? Merci monsieur Mochizuki pour ce merveilleux « Dragon Head »… Bon, maintenant il ne me reste plus qu’à prendre mon mal en patience et attendre, malgré tout avec une belle dose d’impatience, la sortie du volume 7 de la série.