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Cours de philosophie : le Soi est-il permanent ?

Publié le 20 novembre 2011 par Joseleroy

sadhuSadhu à Vanarasi

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Demain, reprise du cours de philosophie par José Le Roy à 18h30 à Paris

renseignement : [email protected]

Nous allons continuer d'explorer la question de notre identité en nous demandant plus particulièrement si le Soi est permanent.

En Occident , on trouve une opposition entre les tenants d'un sujet permanent et les autres qui pensent notre identité comme mouvante (Hume, Montaigne, Bergson). On peut repérer une opposition proche avec parfois des arguments semblables entre Shankara qui pense un soi éternel et les bouddhistes qui le pensent impermanent.

Voici un texte de Shankara qui montre (ou pense montrer) qu'affirmer que le sujet est impermanent et que la conscience est instantanée ne permet pas de comprendre la possibilité de la mémoire.

"Les nihilistes [= les bouddhistes], étant donné qu'ils posent l'instanta­néité de toutes choses, se doivent d'étendre cette supposition au sujet per­cevant lui-même, mais une telle extension est illégitime «parce qu'il y a remémoration », c'est-à-dire résurgence de l'expérience originelle. Or cela n'est possible qu'à la condition que son sujet soit le même que celui de l'expérience primitive. On n'observe jamais qu'une expérience faite par un sujet A soit remémorée par un sujet B. Chacun sait bien que toute expérience de récognition suppose que la perception (initiale) et le sou­venir soient le fait d'un seul et même sujet. S'il n'en allait pas ainsi, l'expérience de remémoration pourrait prendre la forme : «Je me sou­viens de telle (scène) mais c'est telle personne quiy a assisté », mais cela ne se rencontre jamais. Là où une expérience (en apparence) semblable se produit, elle revêt la forme : «Je me souviens que telle personne a vu telle chose. » Le nihiliste lui-même s'appréhende (à travers le temps) comme un seul et même agent. Lorsqu'il se remémore quelque événement, l'idée ne lui vient pas un instant de nier qu'il en a été lui-même le témoin (...). Puisque donc un seul et même agent est relié à deux moments distincts, celui de la perception et celui de la remémoration, le nihiliste devra abandonner le dogme de l'instantanéisme. Et s'il est amené d'autre part à reconnaître que toutes ses expériences passées, depuis l'instant de sa nais­sance, et pareillement toutes ses expériences futures, jusqu'à son dernier souffle, se rattachent nécessairement à un seul et même sujet, comment n'aurait-il pas honte de lui-même ?"

Samkara, Brahmasutrabhashya, traduit par Michel Hulin, dans Comment la philosophie indienne s'est-elle développée ? ed. panama.


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