Résumé: Jeune romancière à succès, Florence Cathcart (Rebecca Hall) s’est spécialisée dans le débusquement d’arnaques surnaturelles. Et au lendemain de la Première Guerre Mondiale, nombreux sont les charlatans qui exploitent le chagrin des familles endeuillées. D’abord réticente, la jeune femme accepte finalement d’enquêter sur une école privée dans laquelle les enfants pensent que l’un d’entre eux a été tué par un fantôme…
Le thriller gothique devrait faire son grand retour l’an prochain au Royaume-Uni avec le très attendu The Woman in Black de James Watkins, produit par la mythique Hammer. Mais Watkins s’est fait damer le pion cet automne par une autre ghost story bien moins médiatisée, The Awakening.
The Awakening suit l’histoire de Florence Carthcart, une jeune femme brillante obsédée par le fait de démontrer que le surnaturel, et en particulier la vie après la mort, n’existe pas. Mais comme dans toute bonne histoire de fantôme qui se respecte, elle va accepter de prendre en charge une affaire qui va peu à peu ébranler ses convictions. Pour son premier film, le réalisateur Nick Murphy s’attaque à une histoire de fantômes tout ce qu’il y a de plus classique : grande bâtisse inquiétante au passé trouble, héroïne cartésienne qui se perd dans son enquête, personnages ayant des choses à cacher, spectre effrayant et tragique. A vrai dire, The Awakening n’a rien de foncièrement original, et s’inspire largement d’autres succès récents du même genre : Les Autres, L’Orphelinat et L’Echine du Diable en tête. Néanmoins, s’il se perd parfois dans des intrigues secondaires inutiles (toutes les scènes liées au concierge de l’école), Nick Murphy se débrouille plutôt bien pour poser un suspense solide, et gère suffisamment adroitement les apparitions de son spectre pour générer une certaine angoisse et faire sursauter plus d’une fois le spectateur. Il utilise pleinement son magnifique décor, et fait même parfois preuve d’une inventivité bienvenue, notamment dans la terrifiante scène de la maison de poupée.
Mais la vraie réussite du film vient plutôt du développement de ses personnages et de l’analyse de l’Angleterre post Première Guerre Mondiale. Murphy décrit un pays meurtri dans sa chair, dans lequel les familles pleurent leurs jeunes tombés au front, et les survivants ont honte de s’en être sortis alors que tant de leurs camarades ne sont jamais revenus. Le réalisateur pointe aussi du doigt la violence du système éducatif de l’époque, fait de brimades et d’humiliations. Rebecca Hall et Dominique West campent avec une grande justesse deux personnages solitaires enfermés dans leur remords que cette aventure surnaturelle rapprochera. L’actrice de The Town en particulier est magnifique en jeune femme cartésienne tentant de cacher ses fêlures et ses peurs derrière ses convictions. Et si l’épilogue du film est légèrement prévisible, il n’en demeure pas moins très fort émotionnellement pour ne pas laisser de marbre même le plus insensible des spectateurs.
Pour son premier film, Nick Murphy offre une très jolie ghost story tragique, qui compense largement le léger manque d’originalité de son intrigue par la force de ses personnages. Un réalisateur à suivre donc.
Note : 7/10
Royaume-Uni, 2011
Réalisation : Nick Murphy
Scénario : Nick Murphy, Stephen Volk
Avec: Rebecca Hall, Dominic West, Imelda Staunton