« INTELLIGENCE ECONOMIQUE ». En mentionnant ces deux mots, j'agite de nombreux fantasmes1 tournant autour de l’ « espionnage », des informations « sensibles », de la « guerre économique entre États », etc. Mais au fond : « Qu'est-ce que l'Intelligence Économique ? ».
À vrai dire, répondre à cette question est impossible. Ou du moins les tentatives habituelles de définition échappent complètement à la méthode dans ce cas là. Je peux donner ici une définition « historique », une définition « idéologique », une définition « pragmatique », mais quant à saisir ce que serait « l'essence » de cette expression, je ne le peux pas.
On en parle souvent comme d'un « concept » mais je pense qu'il faut revenir à ce que c'est vraiment : des mots. Le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein nous fournit ici une solution à l'impasse dans laquelle on est face à « l'Intelligence Économique ». Wittgenstein est connu pour avoir détourné le discours philosophique des « essences » pour le tourner vers les « jeux de langage ». L'idée est que c'est par le langage et dans les conditions dans lesquelles on prononce des mots (les « formes de vie ») que peut se saisir quelque chose comme « l'objet-dont-il-est-question ». En ce qui concerne l'intelligence économique, je vais donc m'attacher ici à explorer les contextes dans lesquels l'emploi de cette expression est utile.
On emploie « intelligence économique » pour parler :
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de la recherche d'information dans les entreprises servant à préciser une stratégie, développer une activité ou anticiper des menaces (veille stratégique, veille image, e-réputation, prospective, innovation, marketing, ...)
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de la meilleure disponibilité et circulation de l'information entre les collaborateurs d'une entreprise ou d'une organisation (knowledge management, communautés de pratique, veille collaborative, communication interne, …)
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de l'utilisation de l'information pour communiquer de manière optimale afin de protéger les intérêts d'une organisation (affaires publiques, relation presse, community management, …)
En résumé, loin des fantasmes, il apparaît que l'intelligence économique ne soit qu'une manière de parler des nouveaux leviers de performances organisationnelles et de performances économiques issus des techniques et technologies de l'information et de la communication. C'est d'ailleurs le sens des réflexions de Monsieur Frank Bulinge à propos de ce qu'il appelle « Management stratégique de l'info-com2 ».
Les sciences de l'information et de la communication constituent une discipline jeune (création en 1975 de la 71ème section au CNRS) mais on sent bien qu'elle est plus-que-jamais indispensable au temps du haut-débit Internet, du réseau social en ligne, de la démocratisation des usages des Technologies de l'Information et de la Communication, … De la même manière, l' « intelligence économique » (IE) entendue comme la manière d'utiliser l'information et la communication pour rendre une entreprise plus performante est essentielle à la vie des entreprises dans un monde économique qui s'annonce de plus en plus incertain. Oublions donc les fantasmes autour de l'IE, constatons simplement ses pratiques, et imaginons son avenir : développer des nouveaux leviers de performances et de business pour les entreprises par les moyens de l'information et de la communication. Et si finalement le terme « intelligence économique » était mal choisi pour dire ça ?
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1Encore récemment un article sensationnaliste agrémenté d'erreurs factuelles : http://www.capital.fr/carriere-management/zoom-sur-un-metier/expert-en-intelligence-economique-traqueur-d-infos-643498
2http://cerad.canalblog.com/archives/2011/11/15/22688813.html