Magazine Cuisine
En ce samedi soir, l'auberge (espagnole) des deux B a repris du service, à l'occasion du retour temporaire de Mélanie dans notre bonne vieille capitale, là où le Beaujolais nouveau coule à flot :).
Pour diverses raisons, nous - collectivement - ne souhaitions pas un diner au restaurant. Nous avons donc avec plaisir proposé notre toit et notre table afin de nous retrouver tous ensemble autour d'un bon repas. Chacun apporte donc son plat et le(s) vin(s) pour accompagner.
Ambiance des lieux, c'est toujours un plaisir de recevoir et de faire plaisir à des amis.
A l'apéritif, un Champagne rosé José Michel très vineux, d'une belle fraîcheur, avec une jolie acidité en finale. Très belle mise en bouche.
La Saint Jacques dans tous ses états (de bas en haut, de droite à gauche) : Carpaccio de St Jacques à l'huile de truffe noire, Tartare de Saint Jacques et d'ananas, Carpaccio de Saint Jacques à l'huile de truffe blanche.
Servi à l'aveugle, ce vin m'évoque sur le premier nez un blanc de gros / petit Manseng comme le Jurançon ou Pacherenc sec (forte minéralité, arômes de miel et de confit, sans le rôti du Botrytis) puis, sur le second nez après aération, un vin allemand (menthol, pamplemousse, impression de demi-corps). Laissons le quelques instant dans le verre, puis mes premières impressions se précisent. L'impression de Sauternes se renforce dans le temps. En bouche, le vin est à la fois sec et rond, velouté, tendre mais corpulent. Belle minéralité et finale onctueuse, persistante et très fraîche. Très Beau. Il s'agit d'un Bordeaux supérieur, Y de Yquem 1979 !
Avec un osso bucco, j'ai proposé deux vins diamétralement opposés (donc, pas à l'aveugle pour moi).
Le Chinon, réserve Stanislas 2006 du domaine Pierre Sourdais se caractérise par une belle droiture, un joli fruit mur mais élégant, une touche de café et une structure bien équilibrée. Certes, une petite dissonance d'accord avec le plat, trop 'méridional', mais ce vin est assez représentatif de l'appellation. Bien ++.
Changement complet de registre avec ce Gigondas, Font de Tonin 2006 du domaine de la Bouïssière (un grand merci à mon ami Lolo de Nîmes - tiens, ça sonne comme Lili des Belons : un coeur d'or derrière une carapace de dur. Ne change pas mon ami). Bref, un nez profond, séveux, vineux et suave, sur les fruits très murs (cerises noires), quelques notes de garrigue, des épices douces et une pointe d'élevage. La bouche présente une attaque franche et ronde, mais sans mollesse. Elle m'apparaît charpentée mais soyeuse, élégante à souhait, terriblement séduisante. Belle aromaticité sur une trame assez tannique déjà presque policée. La minéralité du cru apporte de la fraîcheur et de la tonicité à un vin très énergique. Finale suave, longue, vibrante. Excellent quoique très jeune.
Suit un double plateau de fromages (un seul photographié).
Un premier vin : Vin de pays des Bouches du Rhône, Grand Blanc du chateau Revelette 2007 : Si le nez mentholé et frais peut faire impression, la bouche ronde, veloutée mais un peu courte et manquant d'énergie ne me plaît pas outre mesure. Un peu raide. Pas mon style.
Deuxième vin avec ce Corton-Charlemagne 1981 du domaine Rapet : Une fois encore, j'ai confondu réduction et oxydation. Pour un chimiste, c'est pas top ! Je m'explique. Un premier nez très amandes grillées, droit et minéral. Avec l'aération, cette sensation disparaît peu à peu (mais lentement dans le temps). On retrouve alors la marque des grands chardonnay, cette fraîcheur et ce côté miellé mais élégant et sans lourdeur. La bouche est puissante, droite, riche et racée. Très minéral et très droit. Magnifique persistance en finale, sur un registre suave et tendu à la fois. Excellent.
Un immense merci à l'ami François pour ce cadeau aussi somptueux qu'impromptu et spontané. C'est pour cela qu'on t'aime. Ne change surtout pas.
En dessert, tarte aux poires et glace aux spéculoos.
Pour accompagner cette gourmandise bâtie sur la fraîcheur, rien de tel qu'un Poiré Granit de Eric Bordelet : mariage très heureux avec la poire et la glace. Je ne suis pas suffisamment spécialiste pour analyser ce poiré mais ce fût une nouvelle fois un très bel accord, sur un registre de fraîcheur et de légèreté qui seyait bien à la fin de ce repas un peu "chargé". Très Bien.
Pour finir, avec les surprises de Mélanie (de superbes financiers), un Madère Barbeito 10 ans d'âge : que je n'ai pas particulièrement apprécié, hormis la finale très complexe. Un nez un peu raide et m'évoquant quelque vin jaune e bas étage (alcool à brûler, noix verte, rancio sans élégance - oui, je sais ...). La bouche m'a semblé également déséquilibrée ... sauf une très belle finale sur les pruneaux, le café, une belle torréfaction, des notes de noix mûres ... Bref, j'avoue ici mon incompétence et mon manque de repères sur ce type de vin.
Nous avons été sages, même pas un petit digestif pour terminer cette belle soirée qui s'est prolongée tard dans la nuit.
A quand la revanche ?
Bruno