Faits-Divers&Santé publique
DRAME D'UNE FAMILLE ISOLÉE PAR LA MALADIE ?
Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
infirmier diplômé d'état
Hier, samedi en fin de matinée, un Noiséen de 65 ans, électricien de profession, s'est défenestré de son appartement, situé au 10ème étage d'une petite résidence de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), que le couple habitait depuis trente ans, selon le quotidien régional Le Parisien(édition du dimanche 20 novembre), . Le corps de son épouse, une nourrice âgée de 54 ans, a été retrouvé sans vie «(...) un foulard autour du cou (...)» selon Nathalie Perrier, Auteure de l'article.
La maladie à l'origine du drame ?
Selon le quotidien, le couple n'était pas connu des services de police. Mais l'épouse retrouvée sans vie aurait été, il y a quelques temps, victime un accident vasculaire cérébral ayant entraîné une importante diminution de son autonomie. Nathalie Perrier rapporte ainsi dans son article les propos d'un ami proche de la famille «(...) Je crois que c'était devenu trop dur pour lui (...)».
Le service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis a été saisi de l'enquête, mais l'hypothèse d'un homicide suivi d'un suicide semble être privilégiée.
Si cette hypothèse venait à se confirmer, cette conclusion devrait inciter nos Parlementaires à penser à nouveau à la prise en charge des malades à domicile. Car si l'on ne peut que se féliciter des progrès récents tendant à maintenir les patients dépendants à leur domicile (aspects humains et économiques), il ne faut pas moins en oublier les familles qui consentent un grand sacrifice en acceptant cette lourde charge qu'est la triple-peine : Maladie, culpabilité, et épuisement. Épuisement qui parfois mène à l'hospitalisation du conjoint, voire à des conclusions bien plus dramatiques telles que semble l'être ce «fait-divers» (mais qui pourrait aussi bien avoir sa place dans la rubrique «santé publique») ou des cas d'euthanasies actives (voir témoignage en cliquant ici) ou passives.
Pour avoir, de part mon exercice professionnel, l'expérience de ce type de prises en charge, il faut vivre cette situation au quotidien pour comprendre que, même assistés d'une infirmière libérale, d'un service de soins à domicile (SIAD) ou pour les plus gravement atteints, d'une hospitalisation à Domicile (HAD), l'investissement de la famille est plein et entier. Au delà de l'imaginable. Parfois même du supportable physiquement et psychologiquement. Et même dans des familles nombreuses, où les relais sont plus faciles, cela n'en reste pas moins un lourd, très lourd investissement humain. Sans même évoquer les familles modestes puisque certains frais ne sont pas ou mal remboursés.
Nos candidats à la députation de 2012seraient bien inspirés des'engager par écrit, lors de leur campagne électorale, à voter une nouvelle législation, plus au fait des réalités de terrain, pour accompagner efficacement les malades maintenus à leur domicile mais aussi leurs familles.
Le drame d'hier semble, si la piste initiale se confirme, dramatiquement rappeler cette priorité de santé publique.
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Références
JENB Productions;JENB Productions sur Dailymotion;Site officiel du quotidien "Le Parisien ";
Auteur
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret