Crise cardiaque
Je viens de mourir. Depuis disons cinq minute. Une regrettable histoire de crise cardiaque. Je me dirige à présent dans ce long couloir, au bout duquel brille la lumière dont nous avons déjà tous entendu parler. C'est grotesque! Bien sûr que non, je ne me balade pas dans un couloir noir avec une lumière au bout après une crise cardiaque! J'ai encore mal au coeur et je me tiens difficilement debout sur des escalators. Des haut-parleurs invisibles nous ordonnent de rester silencieux. La personne devant moi est décapitée, ce n'est pas elle qui va faire du bruit.
Après cette remontée mécanique des plus ennuyeuses, une sorte de bureau des pleurs, qui répond à des sanglots étouffés par un envoi en enfer ou au paradis, est ouvert. Lorsque arrive mon tour, c'est le guichet trois qui me reçoit. La secrétaire me cite vaguement quelques passages de ma vie, elle pèse le pour et le contre et après quelques vérifications informatiques m'accorde l'accès au paradis.
Alors voilà, j'y suis. J'ai passé une vie à mendier la félicité pendant que j'essayais de couvrir les gens qui m'entouraient de bonheur pour ça. Des nuages blancs, des anges dont la béatitude se résumerait parmi les vivants à « c'est de la bonne » et l'effroyable sentiment de ne jamais s'ennuyer alors qu'on ne fait strictement rien. J'ai enduré une vie avec tant de morale juste pour ça. Alors peut-être qu'être au paradis est quelque chose de superbe mais moi, j'ai froid et je vous emmerde.
Postscriptum
En fait si, conseil musical du jour: The Police - Walking on the moon