Le gouvernement Charest accorde trop d'importance à la Sûreté du Québec, ce qui est mauvais pour la démocratie, prétendent des représentants de policiers municipaux, en soulignant qu'une saine répartition des pouvoirs est un rempart essentiel contre un «État policier».
«Le Québec a toujours voulu se prémunir contre un État policier. Dans toutes les réformes des organisations policières, on a toujours voulu garder un tiers des ressources à la SQ, un tiers à Montréal, un tiers pour les autres corps municipaux. Actuellement, on est en déséquilibre. Et le projet du gouvernement pourrait l'accentuer en transférant 650 policiers additionnels à la SQ», a expliqué samedi Denis Côté, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec.
Plusieurs représentants de syndicats policiers avaient convoqué les médias à Montréal pour dénoncer le projet de loi 31, qui éliminerait les corps policiers locaux des municipalités de moins de 100 000 habitants et les remplaceraient par la Sûreté du Québec.
Onze municipalités perdraient leur service de police municipal, soit Bromont, Granby, Memphrémagog, Mont-Tremblant, Saint-Georges, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Jérôme, Sainte-Adèle, Sainte-Marie-de-Beauce, Rivière-du-Loup et Thetford Mines.
Denis Côté rappelle que des reportages ont déjà souligné à quel point l'empreinte de la SQ est importante au sein de la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC). Il s'inquiète que le gouvernement cherche encore à augmenter la puissance du même corps policier.
«On l'a vu dans l'actualité avec l'UPAC. Je pense qu'on a raison de se poser des questions sur cette grande proximité-là. Ça commence à en faire beaucoup, tout confier à une seule organisation. Nous, nous sommes dans les services de base. Pourquoi favoriser encore la Sûreté du Québec, leur donner d'avantage d'expansion alors qu'on sait que la population n'en veut pas?» s'interroge-t-il.
Il cite à l'appui un sondage Léger Marketing réalisé pour sa Fédération, selon lequel 83 % de la population est satisfaite lorsque desservie par un corps policier municipal. De même, 68 % des gens seraient défavorables à la fermeture de leur service local au profit de la SQ. Selon lui, le projet de loi «favorise la SQ au détriment de la population».
Pire pour les Montréalais?
Présent à la conférence de presse, le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur, a lui aussi insisté sur l'importance des contre-pouvoirs en démocratie.
«Dans une société libre et démocratique, si on ne veut pas tomber dans un État policier, effectivement, c'est sain que les services de police soient bien répartis», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le projet de loi 31 est selon lui particulièrement désavantageux pour les Montréalais, qui paient les coûts de leur propre service de police en plus de payer à travers leurs impôts provinciaux une partie des frais de la Sûreté du Québec qui patrouille les plus petites municipalités.
Or, la police de Montréal manque cruellement de ressources, elle dont le territoire compte 24 % de la population du Québec, mais 33% de la criminalité.
«On manque de ressources pour la lutte à la cybercriminalité, les fraudes, la pornographie juvénile et le trafic d'armes sur internet. Quand nos gens ont le temps d'en faire une, une job sur internet, ils voient comment c'est facile d'y acheter des armes de poing. Il y a aussi de longs délais pour traiter les plaintes d'agressions sexuelles et les fraudes par cartes de crédit», dit-il.
Source : Cyberpresse
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