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En décembre, un nouveau chef sera choisi et aura la lourde tâche de rebâtir le Bloc québécois. De façon prévisible, le nouveau chef légitimera la présence du Bloc sur la scène fédérale comme étant le seul véritable parti politique capable de défendre les intérêts du Québec.
Cependant, l'élection du 2 mai a radicalement changé la donne politique fédérale. Dorénavant, le gouvernement fédéral peut être formé sans l'appui du Québec et cette situation sera rendue permanente par l'ajout de sièges hors Québec.
Quelle influence un parti fédéral-souverainiste aura-t-il au moment où le Parti québécois est plus loin que jamais du pouvoir? Le Bloc pourra-t-il vraiment défendre les intérêts du Québec au niveau fédéral? Depuis 20 ans, le Bloc québécois avait une certaine influence sur le gouvernement canadien pour défendre les intérêts du Québec. Sous les gouvernements libéraux, le Bloc pouvait alerter l'opinion publique sur certains enjeux d'intérêt. Avec plusieurs députés libéraux provenant du Québec, le gouvernement libéral devait garder une oreille attentive aux critiques du Bloc pour éviter de perdre ses appuis.
Durant le cycle des gouvernements minoritaires libéraux et conservateurs, le Bloc québécois pouvait directement marchander son appui avec le parti au pouvoir. Son influence était directe. Cependant, le 2 mai dernier, un gouvernement majoritaire a été formé sans le Québec. Le Parti conservateur est en selle pour de nombreuses années et pourrait devenir le parti gouvernement naturel comme le fut le Parti libéral du Canada tout au long du XXe siècle si l'opposition reste éclatée.
Avec cette nouvelle donne politique, le retour en force du Bloc aux prochaines élections ne ferait qu'assurer le pouvoir au Parti conservateur. Le leitmotiv du Bloc, qui a toujours été de défendre les intérêts du Québec à Ottawa, serait une fausse représentation. Le Québec avec le Bloc n'exercera aucune influence sur le Canada qui continuera de se gouverner sans le Québec.
Plusieurs diront que les députés bloquistes auront au moins des ressources pour faire la promotion de la souveraineté. Dans un premier temps, comme la souveraineté n'est pas pour demain, il serait hasardeux de rester à l'écart de la politique fédérale pour encore 20 ans. Les Québécois ont tout intérêt à diffuser leur vision du fédéralisme pour en préserver l'esprit dans un Canada aux tendances unitaires. Jouer quitte ou double dans la situation actuelle de l'option souverainiste n'a rien de patriotique et relève de la folie.
Dans un deuxième temps, à partir de mon expérience comme adjoint politique, je peux témoigner que les députés bloquistes sont complètement institutionnalisés, pris dans leurs responsabilités parlementaires et leur travail dans leur circonscription. Ils travaillent de longues heures et n'ont guère le temps de faire le travail militant pour la souveraineté. La preuve est que ces dernières années, il y avait près de 100 députés souverainistes élus à Québec et à Ottawa. Pourtant, peu de pédagogie sur la souveraineté s'est faite et l'option souverainiste est même en net recul chez les plus jeunes.
Dès maintenant, il faut nous impliquer dans la politique fédérale et reprendre notre influence dans les grandes décisions qui nous touchent tous les jours. L'opposition est en pleine reconfiguration et les partis sont en reconstruction. Il y a une opportunité à saisir. Le Bloc québécois ne peut plus remplir sa mission. Il est échec et mat. erergue: Comme la souveraineté n'est pas pour demain, il serait hasardeux de rester à l'écart de la politique fédérale pour encore 20 ans.
Source : Cyberpresse
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