Il m’arrive souvent d’imaginer la vie des gens dans la rue. Au détour d’une rue, un regard, des habits, un comportement. J’imagine la vie, une situation, un endroit. La plupart du temps je dois me tromper, mais ce n’est pas très grave.
Ce matin il m’est arrivé d’imaginer cela en la croisant. Elle pleurait, elle marchait vite, très vite, perchée sur mes talons j’ai même eu un mal fou à la suivre. J’étais en route pour rejoindre une amie mais je me devais de savoir, de la suivre, c’était viscérale, je ne me l’explique pas. Plus j’avançais et plus je pensais à mon amie qui allait devoir m’attendre mais j’étais comme aspirée par ce besoin de savoir où elle devait se rendre. Heureusement après 5 minutes elle s’arrête nette. Elle ne bouge plus. Elle pleure. Je balance mon petit bout de nez dans une vitrine, avec en alerte mon œil gauche qui ne la quittera pas.
Elle avance de nouveau. Elle compose un code. Je vais la perdre. Ne jamais savoir où elle va se diriger, ne jamais savoir l’origine de sa peine. En effet elle s’engouffre dans le hall, je fonce, la porte se referme devant moi. Je bloque sur l’interphone une bonne minute. Doucement je retourne sur mes pas en espérant la revoir.
C’est fou cette réaction. Cette quête. Depuis ma séparation je dois l’avouer je ne suis pas très heureuse. Ma vie et mes rencontres sont éphémères finalement, l’amour et l’amitié aussi. Je n’ose pas y croire, les choses doivent perdurer, exister, je me refuse à n’être qu’un passage dans la vie des gens. Cela fait trop d’années que je ne suis qu’un passage, une étoile filante.
Pour une fois je vais changer tout cela, je vais m’incruster, devenir un chewing gum, me coller, m’incruster et me graver au plus profond. Pour toujours, sans me projeter et sans promesses.