L’initiative d’Hervé Novelli de réunir la « galaxie libérale » le 9 novembre a-t-elle permis de réveiller cette famille politique bien discrète ces dernières années?
Un article de l’aleps
Hervé Novelli
Ce 9 novembre, on a refusé du monde à la Brasserie du Printemps, et près de 500 libéraux avaient du mal à trouver leur table pour ce dîner conférence, dont l’heure a été retardée au dernier moment : était-ce un présage ? La table réservée par l’ALEPS était bien fournie, puisque nous avions décidé de répondre à l’invitation d’Hervé Novelli, dont le texte ne laissait aucune ambiguïté sur les convictions de l’organisateur :
Alors que depuis plus de trente ans les politiques publiques mises en œuvre au nom de l’État Providence ont conduit notre pays au bord de la ruine, nombre de dirigeants politiques continuent de ressasser les recettes d’un dirigisme pourtant coupable d’avoir provoqué une crise sans précédent. Une crise annoncée de longue date par les libéraux. Mieux, alors que ces dirigeants en sont directement responsables, ils accusent le libéralisme d’en être à l’origine. Les faits nous donnent malheureusement raison… Les libéraux ont choisi de se rassembler au-delà de tout clivage partisan pour promouvoir leur vision d’un monde neuf .
Ces excellentes pensées ont été confirmées d’entrée de jeu par le discours d’Alain Madelin. Du Madelin bon crû, qui a rappelé avec nostalgie une certaine campagne manquée en 2002 ; beaucoup des piliers de cette campagne se sont retrouvés là, avec plaisir, et pas découragés du tout. Les coupables de la crise ? L’État Providence, le keynésianisme, et pas la finance ni le capitalisme. Aujourd’hui la preuve est faite : Keynes est mort, le roi État est nu. Comment bâtir un monde neuf ? Respecter l’éthique économique, miser sur le capitalisme entrepreneurial. « Si on veut faire des économies il faut faire de l’économie ». Recentrer l’État sur ses fonctions régaliennes : des gouvernements de gauche ont su le faire. C’est que « le libéralisme n’est pas de droite ni de gauche mais de bon sens ». Peut-on réussir ? Oui, si l’on fait confiance aux Français et si l’on a des super-citoyens au lieu d’avoir un Super État.
Hélas, jusqu’au discours de conclusion d’Hervé Novelli, la suite a été moins enthousiasmante.
Deux ministres étaient présents. Gérard Longuet a clairement laissé entendre que la doctrine c’est bien, mais l’urgence c’est de gagner les élections. Quant à Luc Chatel, il a confirmé dans une interview au Figaro le lendemain qu’il était libéral, mais que le libéralisme a été dévoyé par les ultra-libéraux qui ont créé la crise avec la déréglementation : il avait tout compris, le bougre ! Dans le cours de la soirée, on a eu des moments parfois affligeants avec un jeune témoin visiblement ignorant et d’autres vidéos peu convaincantes. La salle a réagi en entretenant un brouhaha permanent, qui n’a pas permis d’entendre comme il convenait les communications pourtant intéressantes d’Agnès Verdier (IFRAP, sur les coûts de la fonction publique) et de Jean Philippe Feldman (ALEPS, sur la société civile). Heureusement Hervé Novelli a pu se faire entendre. Il était bien tard, l’heure du libéralisme semblait avoir été dépassée mais le maître de maison a mis en évidence que nous fêtions aussi le 9 novembre 1989, le jour où la liberté a pu renaître en Europe, une liberté qui nous a été volée vingt ans plus tard. Il a rappelé les principes de base de l’éthique libérale : l’individu prime sur la société, la subsidiarité réduit l’État à ses fonctions régaliennes, la liberté s’accompagne de la responsabilité. Il a appelé les jeunes (moitié de la salle) à bâtir un « Monde 9 ».
Dans son discours de clôture, Hervé Novelli a présenté cinq réformes d’inspiration libérale qui devraient restreindre le périmètre de l’État : non cumul de fonctions administratives et de mandats politiques, saisine par le Parlement de la Cour des Comptes pour diligenter des enquêtes sur les effets des législations examinées, réforme fiscale de nature à faire participer tous les Français à l’effort fiscal (sans accroître la progressivité), laisser la totale liberté contractuelle pour la durée du temps de travail, recentrage de l’État sur ses fonctions régaliennes et statut de fonctionnaire pour le seul personnel opérant dans ces fonctions, et enfin poursuite de l’intégration européenne autour de l’axe franco-allemand.
Dès le lendemain matin, la proposition de limiter le statut de fonctionnaire a fait l’objet de vifs débats dans la presse radio-télévisée. C’est pourtant une réforme de bon sens, proposée par tous les libéraux du monde entier. Elle est à la base d’économies substantielles, et les salariés privés du statut ne sont pas réduits au chômage : ils deviennent salariés de droit commun, leur carrière est souvent plus intéressante et plus rémunératrice, et si la fluidité du marché du travail est rétablie, ils trouvent facilement un emploi plus utile et moins coûteux pour la nation.
En conclusion, on ne sait si ce rassemblement se prolongera par une initiative politique, mais il aura été prouvé au moins que la famille libérale a bien traversé le temps, peut-être parce qu’elle a été exclue du pouvoir depuis vingt ans… À suivre.
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Article publié en collaboration avec l’aleps, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello, président de l’aleps.