Notre vie. Ce segment de temps. Ce Tout refermé sur lui-même.
Cette fragile coque de lueur. Environnée d'un noir sans fin.
Nous ne voyons pas au-delà.
Non. Les limites sont trop rigides.
Mais quelquefois nous pressentons...
*
Notre vie. Sphérique.
Ou ovoïde.
Enclos dont nous sommes captifs. Comme d'un petit œuf de gélatine.
Nous croyons voir. Nous ne voyons rien. Qu'un globe de captivité. Un granule dont nous sommes le centre.
Et puis, tout autour, ce grand noir. Qui enserre le petit œuf laiteux.
Qui le lézarde lentement. Et qui, un jour, le brisera, le broiera.
L'étau de cette obscurité. Sans mesure. Sidéral. Cosmique.
Avant, nous n'existions pas. Après, nous n'existerons plus.
La vie. Globule de clarté.
Globe, bulle. Clignotement.
Lampe. Isolée dans le noir cru.
Qui l'allume. Puis qui l'éteint.
Mais où était l'interrupteur ?
L'univers ressemble à ces millions de lumières, dans le noir des villes.
Elles ne cessent de s'allumer, puis de s'éteindre tour à tour.
Mais, quoiqu'on fasse, elles demeurent toutes aussi isolées que des îlots.
La grandeur céleste, écrasante du noir de la nuit les cerne, les incarcère.
Patricia Laranco