L’histoire est vraie. 183 ouvrières des usines Ford à Dagenham dans la banlieue est de Londres, se sont mises en grève, en 1968, pendant trois semaines .Leur revendication : une mise à égalité des salaires entre hommes et femmes. Rien que sur ce constat, l’histoire mérite d’être contée. Et plus encore lorsque l’on découvre la personnalité de ces femmes, totalement déconnectées des circuits traditionnels de la vie sociale. Apolitiques, non-syndiquées, elles n’ont pas de compte à régler, si ce n’est celui de leur dignité.
Une ligne de conduite importante à souligner, car ce qui aurait pu faire un Ken Loach de première importance, vire ici à une démonstration plaisante de la lutte ouvrière. Que l’on ne se méprenne pas sur cette manière de voir. J’imagine simplement que pour sensibiliser un très large public aux difficultés de ces salariées, le ton recherché a été celui de la légèreté. Pourquoi pas ?
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Avec un personnage intéressant, et atypique en Sally Hawkins , la porte-parole improvisée des grévistes, qui d’un simple sourire rompt le charme des négociations, pour rappeler fermement qu’elles sont les revendications.
Je la trouve particulièrement drôle quand par effet de boule de neige, la révolte de ces femmes s’exportent dans d’autres foyers, tout à fait protégés de la crise. Jusqu’à la ministre du travail Barbara Castle (Miranda Richardson ) qui en vient à houspiller vertement les membres de son cabinet devant le peu de considération qu’ils font de la cause féminine.
Après quoi s’en suit une réception au ministère qui tient du conte de fée. Je ne sais si l’entretient s’est réellement passé de cette façon, (comme l’existence de la femme du patron me paraît suspecte) mais au résultat Nigel Cole, confirme platement sa volonté de ne pas dramatiser des rapports conflictuels, réduits au minimum de leur tension.
Bob Hoskins est pas mal du tout en syndicaliste convaincu
Face au combat de ces femmes , novices en la matière, j’imaginais un regard un peu plus complice de la part d’un réalisateur qui survole rapidement le problème de fond : la reconnaissance de la femme à part entière. A l’usine comme à la maison . Qu’elles soutiennent leur mari en grève, normal, mais l’inverse, équivaut d’abord à un petit encouragement amusé, avant qu’une incompréhension agacée, puis la colère, ne viennent alourdir le climat social de l’entreprise, réduite à l’inactivité.
Tout le cœur du film résidait à mon sens dans cette situation paradoxale, sur laquelle les briseurs de grève prennent appui pour mener leurs actions. Mais à la lutte des classes, Nigel Cole préfère le glamour de quelques jeunes femmes rêvant de célébrité. Le principal, au bout du compte : elles ont gagné !
Sally Hawkins
- Le making of
Il ne nous apprend pas grand chose, suite de congratulations entre membres de l’équipe. Sachez alors pour la petite histoire que Barbara Castle, secrétaire à l’emploi et à la productivité lors de la grève, est la première femme politique à exercer un poste de premier plan. Elle incarne la femme politique moderne, sympathique et proche des gens, loin de l’image de Margaret Thatcher. Elle rencontre les ouvrières de Dagenham le 28 juin 1968. Cette entrevue débouche sur l’augmentation de leurs salaires et sur la création d’un projet de loi en 1969 pour l’égalité salariale.
Un petit détail lors d’une manifestation : une banderole mal déployée ne laisse apparaître que « we want sex », ce qui enthousiasma les passants !