Certes, les biberons et tétines stérilisés à l'oxyde d'éthylène devraient être retirés dans les plus brefs délais des hôpitaux français. Mais, si le procédé de stérilisation n'est pas autorisé pour les matériaux en contact avec les denrées alimentaires, il est encore largement utilisé dans les établissements pour la stérilisation du matériel et des dispositifs médicaux thermosensibles qui ne supportent pas la stérilisation à la vapeur. Il n'y a donc pas que les biberons et les tétines qui soient stérilisés à l'oxyde d'éthylène mais aussi une bonne partie du matériel et des dispositifs médicaux servant à l'alimentation entérale et acheminant les aliments dans le tube digestif pour nourrir les patients et, généralement, les petits prématurés.
La stérilisation par l'oxyde d'éthylène est une alternative, à basse température, à la stérilisation à la vapeur d'eau lorsque les dispositifs médicaux sont thermosensibles. L'oxyde d'éthylène, au demeurant gaz certifié cancérogène par le Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC), agit en se fixant sur les acides nucléiques et les protéines. Il très toxique pour l'homme c'est pourquoi le processus de stérilisation se déroule dans une enceinte hermétique close, un autoclave situé dans une unité de stérilisation centrale. Les instruments stérilisés par l'oxyde d'éthylène doivent faire l'objet d'une désorption de plusieurs heures.
L'alimentation entérale permet d'apporter tous les nutriments nécessaires à l'organisme par une sonde introduite dans le tube digestif par voie nasale ou par l'intermédiaire d'une stomie digestive. Elle utilise une sonde naso-gastrique (sonde gastrique entrant dans le nez et allant dans l'estomac) ou une sonde naso-duodénale (entrant dans le nez et allant dans l'intestin, au niveau du duodénum) ou d'autres types de sonde entrant par le ventre et allant directement dans l'estomac ou dans l'intestin. Elle est fréquemment utilisée pour assurer, au prématuré,les apports nutritionnels dont il a besoin. Elle est même exclusive chez le prématuré en bonne santé à partir de 34 à 36 semaines de grossesse.
Des dispositifs également stérilisés à l'oxyde d'éthylène: Ce procédé de nutrition artificielle utilise donc des sondes nasales en PVC, introduites dans les narines des malades jusqu'au carrefour naso-pharyngé, généralement stérilisées à l'oxyde d'éthylène (ou parfois, par rayon ionisants) et des poches de nutrition également stérilisées à l'oxyde d'éthylène. Dans le cas de la nutrition parentérale, on pourrait citer aussi les aiguilles de Huber généralement stérilisées à l'oxyde d'éthylène. La méthode de stérilisation à l'oxyde d'éthylène est en fait conforme aux normes de sécurité européennes pour la stérilisation des dispositifs médicaux. En revanche, il est interdit dans l'Union Européenne, d'utiliser l'oxyde d'éthylène pour des matériaux entrant en contact avec les aliments. Et la nutrition artificielle? Et bien, la stérilisation des dispositifs en nutrition artificielle s'effectue selon la méthode décrite dans la Pharmacopée, en tenant compte de la nature des matériaux, soit à l'oxyde d'éthylène soit par irradiation aux rayons gamma.
Biberons, tétines et dispositifs de nutrition peuvent-ils être considérés comme des "dispositifs médicaux" et échapper à cette interdiction ? C'est ce qu'a conclu l'Agence belge (Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé -AFMPS) qui a déjà confirmé que les biberons pour prématurés à usage unique stérilisés à l'oxyde d'éthylène utilisés dans le secteur hospitalier, sont notifiés comme dispositifs médicaux. Pour l'Agence belge, homologue de notre Afssaps, l'emploi de biberons stérilisés à usage unique en tant que dispositif médical ne présente pas de risque pour la santé publique. En France, dans l'attente d'une enquête et d'une décision de l'Afssaps, les biberons et tétines concernés devraient être retirés des hôpitaux français, sur décision du ministère de la santé. Mais quid, dans ce cas, des dispositifs de nutrition?
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Après les biberons au BPA, les tétines à l'oxyde d'éthylène –(Visuel© matka_Wariatka - Fotolia.com, Efcni)
et : Nouvel Observateur « Ces bébés qu'on empoisonne »