Une France Intouchable ?

Publié le 19 novembre 2011 par Délis

On ne le répète jamais assez, les premières séances d’un film sont cruciales. Ce sont elles qui donnent le tempo, elles qui peuvent ensuite lancer la machine et faire d’un film agréable un succès, voir un véritable phénomène de société. Le précédent des films Titanic et Bienvenue chez les Chtis a ainsi démontré qu’un film ne pouvait devenir un blockbuster cinématographique que s’il portait des messages (réels ou supposés) au cœur d’une actualité forte.

Avec plus de 23 millions de spectateurs, les deux films stars que sont Bienvenue chez les Chtis et Titanic ont donc été vus en salle par 1 Français sur 3. Pourtant, à en juger par le début en fanfare du film Intouchables, réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano et interprété par François Cluzet et Omar Sy, un nouveau record est à prévoir.

Avec 5 millions d’entrées en France métropolitaine en deux semaines, le film est en avance sur ses deux concurrents. Selon une étude Ifop réalisée entre le 15 et le 17 novembre, 68% des Français envisagent d’aller voir ou revoir le film. Après deux semaines d’exploitation le film Titanic obtenait un taux de 50%. Un petit calcul permet donc d’imaginer le franchissement de la barre des 20 millions de téléspectateurs (40% si l’on se fie au sondage) ; surtout si le film demeure à l’affiche encore six semaines jusqu’aux vacances de Noël.

Dans le détail, les spectateurs de demain sont retrouvent dans toutes les catégories de la population de manière homogène, à l’exception des ouvriers (52%) et des sympathisants du FN (53%). A la différence du cas « Chtis », on n’identifie pas de clivage géographique bien que les habitants de la région parisienne soient légèrement plus nombreux que la moyenne à se déclarer « spectateurs potentiels » (76%).

Cette étude et le succès démesuré du film sont néanmoins porteurs d’enseignements. La morosité des Français, mesurée par toutes les enquêtes d’opinion, est ici confirmée par le succès de ce film de « gentils » où l’on ne parle que de bonnes valeurs. L’angoisse de notre société semble donc trouver une échappatoire dans ces 100 minutes où le respect de l’autre et la tolérance rappellent l’infini besoin d’être rassuré et soutenu quelles que soient les épreuves de la vie.

Alors que la situation économique de notre pays est de plus en plus menacée par l’abaissement possible du fameux triple A, les Français  confessent une angoisse forte. Si le pays n’est pas encore officiellement « handicapé » d’un point de vue économique, les citoyens aspirent à trouver les bras d’un Président qui écoute, réconforte et agit.

A six mois du scrutin, voici un nouveau message on ne peut plus clair pour les candidats.