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Le Theatro Municipal de Rio, un commentaire sur la Rusalka de l’Opéra de Montréal et les Rencontres lyriques internationales de Montréal

Publié le 19 novembre 2011 par Turp

19 novembre 2011
(No 2011- 46)

Le Theatro Municipal de Rio, un commentaire sur la Rusalka de l’Opéra de Montréal et les Rencontres lyriques internationales de Montréal
Theatro municipal de Rio de Janeiro

Il y a quelques heures et pour terminer en beauté un séjour au Brésil, j’ai eu la chance d’entendre l’opéra Motsart i Salyeri de Nikolai Rimsky-Korsakov en version concert dans l’enceinte du magnifique Theatro municipal de Rio de Janeiro. Comme la pièce Amadeus du dramaturge Peter Schaeffer et le film portant le même titre du réalisateur Milos Forman, la pièce d’Alexandre Pouchkine qui raconte l’assassinat par empoisonnement de Wolfgang Amadeus Mozart par Antonio Salieri a inspiré Rimsky-Korsakov, qui en fut aussi le librettiste, dans la composition de court opéra en un acte.  Incarnant Mozart, le ténor Fernando Portari a offert une très belle prestation vocale. Le Salieri de la basse Denis Sedov était plus inégal sur ce plan, mais a donné une intensité dramatique au personnage digne de mention. Il est revanche curieux que l’on ait intégré deux airs d’opéras de Salieri (La Cifra) et de Mozart (Don Giovanni) à l’opéra de Rimsky-Korsavov, d’autant que la prestation de la soprano Rosana Lamosa, chantant d’une loge et les yeux rivés sur sa partition, n’impressionnait guère. Sous la direction de son chef Roberto Minczuk qui est également directeur musical de l’Orchestre symphonique de Calgary, l’Orqestra Sinfonica Brasileira a rendu justice à la partition de Rimsky-Korsakov qui, comme Pyotr Ilyich Tchaikovsky, révèle par cet opéra un réel talent lyrique.

Avant le début d’opéra, j’ai pu admirer la façade extérieure de ce bel amphithéâtre lyrique dont on dit qu’il se veut, comme l’opéra de Hanoi, une réplique du Palais Garnier. Il a été construit entre 1905 et 1909 sur des plans de l’architecte brésilien Francisco de Oliveira Passos, avec le soutien de ses collègues français Albert Guilbert et René Barba. L’on honore l’un des grands compositeur lyriques du Brésil Carlos Gomes, mais également Giuseppe Verdi, par une mention de leurs noms sur la partie supérieure de la façade. Trois magnifiques vitraux ornent également la façade et représentent la musique, le chant et la danse. Plusieurs artistes brésiliens, dont Rodolfo Amoedo, Eliseu Visconti et Henrique Bernadelli ont d’ailleurs contribué à la décoration de cette façade et de l’intérieur de l’édifice. Et s’agissant de cet intérieure et en dépit de ses 2 300 places, une intimité certaine se dégage au parterre d’où l’on peut admirer les 24 loges inférieures et 12 loges supérieures qui ajoutent à la beauté des lieux.

Lors d’une prochaine visite à Rio de Janeiro, je vous recommande fortement d’ailleurs visiter son théâtre municipal. Si vous deviez vous y retrouver d’ici la fin du mois de novembre et plus précisément le 27 novembre 2011, vous pourriez entendre une version « concerto cênico » de l’opéra L’amour des trois oranges de Sergei Prokoviev. Pour plus d’information sur ce concert et la programmation du Theatro municipal de Rio, vous pouvez cliquer ici.

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L’attrait visuel de la production de Rusalka de l’Opéra de Montréal

L’intérêt du deuxième rendez-vous de sa saison 2011-2012 de l’Opéra de Montréal et de sa coproduction de Rusalka d’Antonin Dvok avec le Minnesota Opera et le Boston Lyric Opera réside principalement dans son attrait visuel. Les projections vidéo de Wendall K. Harrington ont réussi à créer pendant l’ensemble de la représentation l’atmosphère féérique auquel on doit s’attendre d’un opéra qui raconte l’histoire inspirée notamment par le conte La petite sirène d’Hans Christian Andersen. Les images des forêts et lacs projetés à l’aide du dispositif de panneaux à diodes électromuniscentes ainsi que les effets stroboscopiques sont très réussis, si ce n’est de certaines projections du premier acte frôlaient dangereusement le kitch. Les éclairages d’Anne-Catherine Simard-Deraspe se révèlent à nouveau à la hauteur et cette artiste ne finit pas d’étonner par la qualité de ses contributions aux proudctions de l’Opéra de Montréal. La mise en scène de Bill Murray n’est aucument à la remorque du dispositif technologique et sa direction d’acteurs est impeccable. Le contraste entre mise en scène du deuxième acte, et des actes qui le précèdent et le succèdent, est particulièrement réussi, si ce n’est que les chorégraphies d’Aimée Simard et Noëlle-Émilie Desbiens, par ailleurs excellentes, y prennent sans doute une place démesurée.

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Kelly Kaduce (Rusalka) et Khachatur Badalyan (Le Prince)

S’agissant des voix, la prestation de la soprano américaine Kelly Kaduce m’a paru inégale et son jeu théâtral parfois forcé. En revanche, elle interprète plus que convenablement le célèbre air Mésí?ku Na Nebi Hlubokém (Petite lune si haute dans le ciel) du premier acte et mieux encore le deux très beaux airs Necitlna vodni moci et  Vyrvana zivotu v hlubkou samotu au troisième et dernier acte de l’opéra. Appelé à prendre la relève de Konstantin Andreyev, le ténor Khachatur Badalyan a fort bien incarné Le prince et, même si la voix a faibli au troisième acte, sa performance d’ensemble m’a beaucoup plu et a révélé une voix au beau timbre et d’une riche expressivité. C’est assurément La princesse étrangère d’Ewa Biegas a offert la performance vocale la plus remarquée de la soirée. La voix est puissante et nuancée et son jeu dramatique est impeccable. La basse Robert Pomakov en Vodnik et  la mezzo-soprano Liliana Nikiteanu en la sorcière Jezibaba ne se distinguent pas particulièrement.  Si la contribution du diplômé et stagiaires de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, en l’occurrence de Pierre Rancourt, Chantale Nurse, Aidan Ferguson et Emma Parkinson sont tout à fait honorables et que Claude Webster permet au Chœur de l’Opéra de Montréal de se dépasser, la distribution, prise dans son ensemble, ne permet pas à cette production d’atteindre la qualité de celle à laquelle on a eu droit avec Le Nozze di Figaro qui a ouvert la saison 2011-2012 de l’Opéra de Montréal.

Sous la direction de John Keenan, l’Orchestre métropolitain s’acquitte très bien de son travail d’accompagnement et rend justice à cette partition qu’il faut savoir gré à l’Opéra de Montréal d’avoir voulu nous faire découvrir.

Le rideau se lèvera à 19 h 30 ce soir sur la quatrième et dernière représentation de Rusalka à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal…et l’attrait visuel de la production compte parmi les raisons pour vous offrir une soirée à l’opéra en ce 19 novembre 2011 !

Pour lire les autres critiques et commentaires de cette production, je vous invite à consulter les articles suivants : Claude Gingras, « Opéra de Montréal/Rusalka- Plein les yeux », La Presse, lundi 14 novembre 2011, p. AS-6 ; Christophe Huss, « Concerts classiques- Rusalka peine à nous captiver », Le Devoir, 14 ovembre 2011, p. B-8 ; Jacques Hétu, « Envoûtante Rusalka à Montréal », Res Musica, 16 novembre 2011.

Satyagraga de Philip Glass au MET Live in HD

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Pour son quatrième opéra de la saison du MET Live In HD, l’opéra Satyagraga de Philip Glass sera projeté sur les écrans de la planète lyrique aujourd’hui. La compagnie lyrique newyorkaise propose de découvrir la vie du célèbre Gandhi à travers l’opéra que le compositeur américain Philip Glass a consacré à ce grand personnage de l’histoire mondiale. La projection débute à 12 h 55 dans les cinémas du Québec.

Le baryton Pierre Rancourt en récital à la Chapelle historique du Bon-Pasteur

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Pierre Rancourt

Le baryton Pierre Rancourt et le pianiste Jérémie Pelletier proposent de nombreuses haltes aux différents paysages au coeur de la mélodie française et québécoise. Le programme comprend des pièces de Charles Gounod, Gabriel Fauré, Emmanuel Chabrier, Francis Poulenc, Raynaldo Hahn, Albert Roussel et Lionel Daunais. Ce récital aura lieu à la Chapelle historique du Bon-Pasteur le dimanche 20 novembre à compter de 15 h 30.

Les Rencontres lyriques internationales de Montréal des 24, 25 et 26 novembre 2011

Comme il le fait depuis depuis leur création en 2007, le Théâtre Lyrichorégra 20 dont la direction générale et artistique est assumée  par M. Alain Nonat présentera les Rencontres lyriques Internationales de Montréal les 24, 25 et 26 novembre 2011. Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre de son programme international des Jeunes Ambassadeurs Lyriques et le public montréalais pourra profiter ainsi de la présence à Montréal, durant quelques jours, de jeunes artistes lyriques québécois, canadiens et étrangers. Cette manifestation est soutenue par les consulats généraux de plusieurs pays et permet des rencontres entre les différentes communautés culturelles de Montréal grâce aux soirées thématiques du programme. À cet égard, les rencontres de 2011 donneront à une soirée lyrique thématique asiatique le 24 novembre, franco-allemande le 25 novembre et italienne le 26 novembre. Les concerts auront lieu à la Chapelle historique Bon-Pasteur et vous pouvez consulter le site de la chapelle pour l’horaire précises de des trois journées de rencontres en cliquant ici.

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À L’Opéra du samedi, Sylvia L’Écuyer présentera aujourd’hui l’opéra Tannhäuser de Richard Wagner. L’orchestre et le choeur du Festival de Bayreuth sous la direction de Thomas Hengelbrock et la distribution comprend Lars Cleveman, ténor (Tannhäuser), Camilla Nylund, soprano (Elisabeth), Stephanie Friede, mezzo-soprano (Venus), Gunther Groissböck, basse (Le Landgrave de Thuringie), Walter Nagy, baryton (Wolfram von Eschenbach), Lothar Odinius, ténor (Walther von Vogelweide), Diógenes Randes, basse (Biterolf), Arnold Bezuyen, ténor (Heinrich der Schreiber), Martin Snell, basse (Reinmar von Zweter) et Katja Stuber, soprano (Une jeune bergère). Avant l’opéra, l’animatrice parlera avec le critique Christian Merlin au sujet du Festival de Bayreuth à quelques mois des célébrations du bicentenaire de Wagner. Dans sa chronique des Actualités musicales, elle proposera une entrevue avec la mezzo-soprano Julie Boulianne qui, après avoir chanté Berlioz à Boston et Mahler à Calgary fait partie de la distribution de Roméo et Juliette à l’Opéra de Vancouver.

Bonne semaine lyrique!


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