Ce film, qui repose sur les deux comédiens et leur personnage, est un autre bijou de petit film qui, sans grande ambition, vous font passer les meilleurs moments devant un écran. Benoit Poelvoorde et Isabelle Carré forment un couple inhabituel et charmant, touchant et drôle, qui nous rappelle en version intense tout plein de sentiments et d'idées qui nous passent tous par la tête en amour. Leur jeu fin fait de ce film une comédie dramatique où le drame n'est jamais lourd malgré tout, un film dont le scénario n'est pas structuré autour d'une série de rebondissements mais plutôt autour des passions qui nous habitent et des élans qui nous poussent à aller de l'avant, malgré nos dérives intérieures. Jamais burlesque ou grotesque, le film fait toutefois souvent rire, et c'est donc un excellent feel good movie, malgré un sujet plus sérieux qu'il n'y paraît.
Comme plusieurs films intimistes réussis, The Beginners est rempli de petites trouvailles, de silences importants, de dialogues sensibles et justes, bref, c'est un excellent film pour qui accepte de se laisser porter par les sentiments qu'il explore plutôt que de chercher la course poursuite et la montée d'adrénaline. Le mutisme d'Anna lors de sa première rencontre avec Oliver et ses origines (françaises, donc son accent en anglais et ses expressions françaises) fournissent une touche d'exotisme parfaitement appropriée à son histoire. L'omniprésence d'Arthur, le chien de son père, qu'Oliver a adopté, porte également à la réflexion sur les relations d'amitiés sous une autre forme. Les dialogues entre Oliver et Arthur sont d'ailleurs une des belles trouvailles du film. Dans le rôle d'Oliver, Ewan McGregor offre une interprétation subtile, tout en retenue. Mélanie Laurent, superbe dans sa fragilité, est aussi touchante en Anna, et les scènes entre les deux sont parmi les plus justes du film. Mais The Beginners ne serait pas l'excellent film qu'il est sans Christopher Plummer, qui joue Hal, le père d'Oliver, avec grâce. On ne s'étonnerait pas de le voir nominé aux prochains Oscars.
Les Émotifs Anonymes et The Beginners sont donc deux films qui se répondent parfois, et qui explorent certaines avenues similaires, mais qui réussissent à offrir un traitement personnel et original, l'un dans la comédie l'autre dans le drame, et que je suis bien content d'avoir eu l'opportunité d'apprécier.
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