Daniel Jagline, auteur du blog vers un avenir durable et partagé et fidèle lecteur me fait le commentaire suivant:
"Vous faites du rehaussement des immeubles comme un cheval de bataille, je pense que cette solution semble effectivement très intéressante,mais serait-elle possible et réalisable techniquement dans un nombre de cas significatifs, je crains que nombres de contraintes techniques ne viennent entraver de telles réalisations."
Excellente question car cette idée du réhaussement des immeubles, appelé aussi surélévation, peut sembler un doux rêve irréaliste d'un poète écologiste planant. Je veux donc vous montrer qu'il s'agit, au contraire, d'une proposition sérieuse et réaliste.
D'abord, si il s'agissait d'un délire irréaliste, il n'existerait pas d'entreprises qui se lancent dans ce secteur. Or, on commence à voir des cabinets d'architectes ou même des entreprises spécialisées qui proposent ces solutions.
Ensuite, si il s'agissait d'un doux rêve écologiste, le personnel politique ne s'en préoccuperait pas. Or, en février dernier, le député socialiste Jean-marie Le Guen proposant 11 mesures pour répondre à la crise du logement, incluait le développement du "foncier aérien", proposant de changer les règles de la majorité en copropriété afin de favoriser la surélévation.
Depuis 2009, le canton de Genève s'est lancé dans la surélévation, d'un ou deux étages, des immeubles. Cette loi permet de répondre à la pénurie du foncier au bord du lac Léman. On a encore peu de recul sur cette expérience qui doit permettre de construire entre 5000 et 10000 logements supplémentaires dans une ville qui compte 250000 habitants.
Techniquement parlant, il est préférable de construire les réhaussements en ossature bois (le bois est cinq fois plus léger que le béton). Si on réalise les murs en béton de chanvre, on peut espérer monter deux étages supplémentaires. On pourra aussi réaliser ces murs en paille, encore plus léger et rajouter encore un ou deux étages. Ces trois matériaux ont un autre avantage : ils constituent des pièges à carbone stabilisées qui faciliteront la lutte contre les émissions de carbone.
Si on travaille la surélévation pour la rendre autonome du point de vue énergétique (habitat passif, production électrique en petit éolien et photovoltaïque) et en limitant les réseaux (pas de conduite gaz, toilette sèche ...), on limite les surcoûts que peut entraîner la complexité de rajouter des réseaux à un bâtiment plus ancien construit avec des normes moins exigeantes.
Enfin, je défend la présence d'un toit végétalisé pour plusieurs raisons :
-il s'agira d'un nouvel espace de vie, en hauteur, ensoleillé. Il faudra rendre obligatoire la présence d'une terrasse partagée par les habitants. Le reste du toit peut être végétalisé avec une contrainte importante liée au poids de ce type de toiture. La couverture devra rester inférieur à 10 cm d'épaisseur pour ne pas alourdir de manière inconsidérée la surélévation: soit un poids inférieur à 60 kg par m2, équivalent à celui d'un toit en tuile ou en ardoise.
La végétalisation permet d'améliorer le confort d'été (mais pas le confort d'hiver car l'isolation de la terre est faible). Elle facilite la rétention de l'eau de pluie. Elle permet la création de nouveaux écosystèmes qui ramène la nature en ville.
Conclusion: la surélévation est un des moyens qui permettra de favoriser la densification des villes et de lutter contre la crise du logement.