L'histoire: Seth Brundle tient une invention qui pourrait lui donner une certaine notoriété. Avec le télépode, il peut se téléporter d'une machine à une autre. Malheureusement, lors de l'opération, une mouche se glisse dans la cabine de Seth et leurs corps fusionnent physiquement et mentalement...
La critique d'Alice In Oliver:
La Mouche, réalisée par David Cronenberg en 1986, fait partie des rares remakes qui peuvent se targuer de surpasser l'oeuvre originale.
La Mouche est donc un remake de La Mouche Noire, réalisée par Kurt Neumann en 1959 et avec Vincent Price.
Passionné par les effets de la transformation du corps sur le psychisme humain, David Cronenberg tient un sujet en or et a bien l'intention d'exploiter cette thématique à sa juste valeur.
Ensuite, il faut bien le reconnaître, la première version a bien vieilli. Ce film d'horreur a donc besoin d'un peu de sang neuf.
Et le fait que David Cronenberg ait envie de réaliser un remake, n'a rien du hasard. Le but est d'apporter sa vision personnelle.
La Mouche remportera un vif succès et obtiendra plusieurs récompenses: le prix spécial du jury au festival fantastique d'Avoriaz en 1987, le prix du meilleur film d'horreur, du meilleur acteur pour Jeff Goldblum et des meilleurs maquillages lors de l'Acédémie des films de science fiction, fantastiques et d'horreur la même année.
Pour l'anecdote, ce remake sera proposé à Tim Burton, mais le réalisateur déclinera le script, trop occupé à l'écriture d'autres films.
Le rôle du scientifique Seth Brundle sera confié à Michael Keaton dans un premier temps, mais l'acteur refusera.
Au niveau des maquillages, on retrouve Chris Walas, qui signera la suite, donc, La Mouche 2, quelques années plus tard.
Beaucoup de fans du film de David Cronenberg considèrent La Mouche comme une métaphore sur le Sida. Personnellement, j'y vois plutôt la transformation d'un homme condamné à mourir et à devenir un insecte monstrueux.
Encore une fois, on retrouve ici la dynamique de la malédiction de Frankenstein, un savant obnibulé par la science et la quête de savoir.
Seth Brundle (Jeff Goldblum) est atteint du même syndrome.
Lui aussi cherche à jouer avec le Créateur. Il invente une machine révolutionnaire: le télépode qui permet de téléporter un objet ou un individu d'un endroit à un autre. En quelque sorte, Seth Brundle vient de dépasser Einstein et sa loi de la relativité générale, qui semble s'appliquer partout dans notre vaste cosmos.
Il fait profiter de sa découverte à une belle journaliste, Veronica (Geena Davis), en quête d'un nouvel article sensationnel pour la presse.
Mais un jour, Seth teste l'appareil sur lui-même. Dans un premier temps, l'expérience est une véritable réussite.
Seth a réussi à se téléporter. Mais très vite, le scientifique développe des facultés hors du commun. Désormais, Seth est un athlète complet, investi d'une force quasi surhumaine.
Bientôt, ces changements commencent à l'inquièter, notamment lorsqu'il commence à perdre ses dents. Seth décide d'interroger l'ordinateur.
La révélation est paticulièrement horrible: lors de la téléportation, une mouche s'est glissée dans le télépode.
Et l'appareil n'a pas été programmé pour transférer deux êtres à la fois. De ce fait, l'ordinateur a fusionné les deux corps.
Seth est en train de se transformer en mouche. On retrouve donc ici la fascination du cinéaste pour la transformation de la chair et ses conséquences sur la psychologie de l'individu. A partir de là, Seth se met de plus en plus à penser comme une mouche. Le film de David Cronenberg se transforme alors en un huis clos oppressant, et tournant autour d'un triangle amoureux (Seth, Veronica et Statis Boran, l'ex petit ami de cette dernière).
A cette mutation, David Cronenberg y associe la mort, l'amour et la tragédie. La conclusion finale, absolument terrible, n'est pas sans rappeler la romance impossible entre la Belle et la Bête. Enfin, le réalisateur n'hésite pas à délivrer quelques séquences gores peu ragoûtantes à la matière.
La Mouche est donc à réserver à un public averti. C'est sans aucun doute l'un des meilleurs films d'horreur des années 80, et aussi, l'un des meilleurs crus de David Cronenberg.
Note: 19/20