Est-il si difficile d’écrire un bon roman policier?
Si on part du principe qu’en plus de posséder toutes les qualités d’un roman, le polar se doit de proposer une intrigue captivante, originale et qui tient le lecteur en haleine, c’est raté pour Portes ouvertes, dont la qualité stylistique est correcte mais l’intrigue hautement soporifique.
RÉSUMÉ :
Trois compères décident de voler, lors de la journée porte ouverte du musée, des tableaux relégués dans l’oubli d’un entrepôt, pour le simple plaisir de les posséder. Mais la truanderie est un art qui ne s’improvise pas et il leur faut s’adjoindre les services d’un malfrat local pour réussir leur coup et les services d’un étudiant pour réaliser des copies des œuvres. Et plus il y a de personnes impliquées, plus l’opération s’avère compliquée.
MON AVIS : une lecture poussive, dont on attend désespérément les rebondissements
La base du polar, c’est l’intrigue. Tout bon roman policier se doit d’en posséder une solide et étrangement, Ian Rankin semble avoir fait abstraction de cette règle élémentaire. On imagine que les nombreuses pages dédiées à la préparation du méfait sont indispensables pour mieux introduire le suspens, il n’en est rien. On se prend donc à espérer, lors de l’opération menée par la bande de voleurs amateurs, que surgira le grain de sable qui pimentera l’histoire et créera le suspens : une fois encore, peine perdue. A l’issue du vol, on est déjà aux deux-tiers du livre, on manque de s’endormir à chaque chapitre et on ne voit toujours pas émerger de fil rouge.
Un roman policier peut toutefois être excellent tout en sortant des sentiers battus des classiques du genre : certains auteurs ont réussi avec brio des thrillers qui en bouleversent les codes, plus psychologiques et moins classiques, comme Colum McCann ou Jesse Kellerman pour ne citer qu’eux. A défaut de suspens haletant, Ian Rankin aurait au moins pu nous ouvrir les portes de l’univers méconnu des musées, des collectionneurs d’art, des copistes… Mais même cet aspect fait défaut dans Portes ouvertes et on s’aperçoit rapidement que c’est un ouvrage écrit sans les recherches préalables nécessaires pour poser le contexte, créer une atmosphère, introduire une ambiance. Quant à l’humour promis par la quatrième de couverture, impossible, même au lecteur très bon public, d’en trouver la moindre trace.
Résultat, on a un roman sans rebondissements, dont la construction laisse à désirer, qui n’approfondit ni la psychologie des personnages ni l’univers romanesque dans lequel l’auteur situe l’intrigue : au final, la sauce ne prend pas.
JE VOUS LE CONSEILLE SI…
… vous recherchez une lecture facile qui ne demande ni concentration ni attention, et qui ne risque pas de vous provoquer une insomnie sous l’effet de la tension induite par le suspens.
EXTRAITS
Ah si! J’ai été mauvaise langue, voici la petite phrase drôle du livre!
- Mais ce type est d’une inculture crasse! Un vrai barbare… Enfin, Mike! Il ne reconnaîtrait pas la Joconde même si elle lui mordait les fesses!
VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :
Les visages,
de Jesse Kellerman
Un excellent roman policier dans le milieu de l’art contemporain
La face cachée de la lune,
de Martin Suter
Martin Suter écrit des romans dont le suspens a tout d’un polar!
Un grand merci à Newsbook pour l’organisation des partenariats qui nous permettent de découvrir de nouveaux horizons, et aux Editions du Masque pour m’avoir fait parvenir ce livre!
Livre lu dans le cadre du Challenge 1% rentrée littéraire 2011 : toutes les infos et les participants chez Hérisson, et le classement par titre chez Nina!