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Parce qu’il est avant tout « art de la scène », le théâtre offre une formidable caisse de résonance en matière d’histoire des arts. Nos élèves appréhendent vite cette évidence puisque, dès le collège, les programmes de lettres les amènent à étudier les pièces en fonction de la « représentation ». C’est donc à partir de l’éclairage d’un travail mené sur la scène que je présenterai le bilan d’une expérience initiée au lycée Fulgence Bienvenue de Loudéac (Côtes d’Armor) et prolongée sous une autre forme au collège Beauregard de La Rochelle.
Entrer au contact d’une œuvre d’art, c’est aussi entrer au contact d’un univers dont le contenu peut être appréhendé aussi bien d’un point de vue humain que d’un point de vue géographique, linguistique, musical… Entre 2000 et 2006, avec trois autres collègues, dans un atelier d’expression artistique au lycée, nous avons pu donner une orientation nouvelle à la lecture d’auteurs pas forcément étudiés dans les classes : des univers comme ceux de Kérouac, Gainsbourg, Orwell, Tennessee Williams, Shakespeare, Pirandello ont servi de support à une réécriture qui impliquait également la prise en compte d’ateliers de claquettes et de musique. http://www.atelier-expression-artistique.com/
Le travail mené depuis trois ans au collège se situe dans cette logique et rencontre parfaitement les préoccupations liées à « l’histoire des arts ». Riche des expériences menées en 2008-2009 et 2009-2010 dans le cadre d’une « classe à PAC théâtre » : « Aventures et mésaventures du vagabond dans les Fables de La Fontaine » (en 2009), puis « le Grand amour du Petit Prince » (en 2010), l’équipe pédagogique travaille actuellement sur « Gulliver mis en pièces ».
Revenons sur la réalisation du « Grand amour du Petit Prince », œuvre inscrite au programme de français de la sixième. Le principe de l’atelier consiste, grâce à l’intervention d’un professionnel du théâtre, à « revisiter » une œuvre pour lui donner une « respiration particulière » sur la scène et produire un spectacle en fin d’année. Commence alors une réflexion en équipe… que peuvent apporter au projet les professeurs de mathématiques, de géographie, de musique, d’arts plastiques, de SVT, de technologie, d’EPS, de français ? Comment peuvent-ils collaborer de façon harmonieuse et donner à l’adaptation une dimension proprement artistique ?
Reprenons les choses du début… « Le Petit Prince » existe comme chacun sait sous la forme du célèbre conte de Saint-Exupéry… La base se présente donc d’abord comme une œuvre narrative qu’il faut adapter. La première approche passe donc, après lecture et réflexion, par une recréation. De quoi parle « le Petit Prince » ? En d’autres termes, quels sont les thèmes, les motifs, les images qui font sens pour un lecteur en 2010 ? Que privilégier dans ce « désert » où les « hélices » ne tournent plus et où les mirages remplacent les outils de l’aviateur ?
Pendant le cours de français, en atelier d’écriture, et à travers une série de petits exercices très ciblés, je propose aux élèves de s’exprimer sur les questions suivantes : « la société de consommation », « la nature », « l’amour », « l’enfance », « l’étrangeté des adultes », « la vie et la mort ». Je leur demande aussi de choisir les personnages et les images qui leur paraissent les plus représentatifs de l’univers de Saint-Exupéry. A ce stade de l’élaboration, le vocabulaire et la trame s’enrichissent des apports des différentes disciplines impliquées dans l’aventure : faune des déserts en SVT, diaporama en géographie, mobile avec planètes et satellites en mathématiques, « ballets fresques » en EPS, dessins et décors en arts plastiques, enregistrement de sons et de voix en éducation musicale… A ce propos, lorsque les cinq scènes sont enfin rédigées, l’écriture de « la chanson » du « Grand amour du petit prince » est l’occasion de revenir autrement sur l’ensemble de la pièce (chanson qu’on peut écouter à travers un clip vidéo à l’adresse suivante http://www.youtube.com/watch?v=BJ7DeELkoBM).
Elle offre une sorte de miroir en miniature, puisque s’y mêlent, en quelques couplets, les principaux motifs repérés au préalable. En voici le texte afin d’offrir au lecteur une forme d’échantillon du spectacle. Il y manque bien évidemment la voix de nos chanteurs et le rythme « Bossanova » choisi par le collègue de musique.