Nous sommes en mai 1988, juste entre les deux tours de la Présidentielle. A 25 000 km de Paris, dans une petite île du Pacifique, en Nouvelle Calédonie, un groupe de militants du FLNKS investit une gendarmerie et prend trente gendarmes en otage. Ils protestent contre les dispositions de la loi Pons, qui foule aux pieds – selon eux – leurs coutumes, leur culture, leurs ancêtres. Patron du GIGN, le capitaine Philippe Legorjus, est envoyé sur place pour y exercer ses talents de négociateur. C’est un spécialiste….Mais les circonstances politiques très particulières du lieu et du moment vont en décider autrement.
D’abord, il découvre que l’armée de terre est déployée sur le terrain et doit s’y soumettre. Ensuite, il pénètre effectivement dans la grotte où sont enfermés les otages, à la suite d’un jeune magistrat naïf et courageux, mais s’y fait piéger avec six de ses hommes. Il engage le dialogue, les mutins le laissent sortir pour permettre de trouver une solution honorable, les responsables de la mort des quatre gendarmes étant prêts à se constituer prisonniers. Mais la logique de la palabre n’est pas celle des politiques parisiens.
Obéissant aux ordres, le capitaine Legorjus participera à l’assaut final décidé par les politiques, et ce sera le bain de sang dont nous avons le souvenir.Le film est construit avec rigueur, à la manière américaine. C’est coupé au couteau, avec une musique qui vous remplit les oreilles comme si vous étiez dans un hélico, ça tire dans tous les coins. Nul n’est épargné et surtout pas les politiques, Mitterrand et Chirac, qui provoquent le carnage pour des fins électorales, chacun voulant faire montre d’autorité, sans attendre les quelques heures qui ont manqué pour obtenir une la reddition des preneurs d’otages et la libération des gendarmes. Un gâchis sans nom …Et on nous rappelle que les accords de Matignon, signés par Rocard et Jean-Marie Tchibaou, n’ont fait que repousser le problème de la Nouvelle Calédonie à 2014, c'est-à-dire à demain ..
Un film polémique et historique, où l’armée n’est pas à son avantage, à la différence de la gendarmerie. Cependant, c’est la vision du capitaine Legorjus, nécessairement partisane. Il serait intéressdant de la confronter avec celle du général Vidal. L’interprétation est juste, la plongée dans l’actualité de 1988 bien cruelle. Merci Mathieu Kassovitz.Avec Iabe Lapacas (Alphonse Dianou), Malik Zidi ( l'adjoint de Legorjus), Alexandre Steiger (le procureur), Philippe Torretton(Christian Prouteau), Sylvie Testud(l'épouse de Legorjus), Daniel Martin (Bernard Pons), Patrick Fierry (le colonel)....