De yousse que cé que j’étais donc pardu, pour l’amour, de s’inquiéter une peuplade d’adulateurs campant devant leurs écrans cathodiques dans l’attente confiante d’un espoir, aussi fragile soit-il, laissant croire au retour prochain du fils prodige, en total craving de messages frivoles. De pour kessé que cé que tu nous nourris plus de ta présence si jovialiste, ingrat va-nu-pied, de m’houspiller certains qui conspiraient déjà pour me piller femme et autres objets de convoitise frugale.
Ben je m’affranchissais. Je sais que ça manque de charisme, mais bon : la rumeur voulant que je sois Herby parti aux States critiquer robes épeurantes et augustes totons est donc inexacte. Je ne suis pas non plus occupé à dissimuler des morceaux de Cédrika à travers bois parce que Claude a trouvé ma piste, et je n’ai pas davantage l’élégance d’être shipper en guerre-que-dis-je-mission-de paix-sorry-Mister-Harper, avec ces jeunes hommes dans la force de l’âge sillonnant désert et tribus berbères avec la peur au ventre, pour mon pays et la retraite à 40 ans. Mon absence ne s’explique malheureusement pas par ma préférence à faire l’amour à Mara dans un bivouac de Charlevoix qu’à vous écrire, ni parce que j’ai tout abandonné pour aller cueillir crocodiles et beautés créoles en Louisiane. Je goûtais simplement à la liberté de me câlisser d’Internet.
J’ai volontairement délaissé mon keybord parce que j’avais besoin de renoncer. Je devenais dépendant d’une dictature de pression autonome : parait qu’il y a un rythme à tenir pour être un vrai blogeur, alors que si on y réfléchi on n’est tous égal devant la futilité de notre présence ici. Et je sais pas trop à quel moment je me suis mis le pied dans le piège, mais un beau matin ensoleillé d’hiver, j’ai réalisé qu’au lieu d’aller faire de la raquette j’étais assis devant mon ordi a écrire combien j’aimais faire de la raquette. Je me suis donc grugé la patte pour sortir du piège, me suis purger de l’impression d’avoir à écrire à tout prix comme un obéissant soumis à l’attention de la blogosphère, recentrant mes priorités pour être à nouveau libre. Si mon opinion était si importante et ma plume si belle, j’aurais depuis longtemps une limousine devant ma porte et des hordes de micros braqués, enregistrant chacune de mes paroles comme des prophéties divines, les diffusant simultanément en 22 langues en différé. Je serais payé pour tenir une chronique dans un grand quotidien et j’aurais une dent en or, possiblement ma marque de parfum. Or je n’ai pas à fuir face à une ruée d’amazone déchirant amoureusement chemisette et soutif pour que je signe mon nom avec mon sang sur leurs poitrines saillantes, pas plus que je dois refuser des entrevues avec Guy et son monteur. Et sans vouloir vous vexer, je tends vers l’idée que c’est plus agréable prendre soins de moi que d’un blog.
N'empêche, je vis beaucoup de trucs que j'aimerais vous partager, mais j'ai tellement de retard à rattraper. À vous de choisir entre :
-Mon cinglant mépris pour la hiérarchie des clones de Francis Reddy
-Ma libido dans le tapis
-Comment répartir un liquide alcoolisé de type bière équitablement dans le dos d’une superbe demoiselle dans un bar
-Les poutineux anonymes, un mouvement en marche.