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Trois quarts de siècle d’histoire

Publié le 18 novembre 2011 par Goure

Avant de partir pour le grand Voyage, j'ai envie de faire la rétrospective de mes trois quarts de siècle d'histoire , la petite histoire personnelle recoupant la grande Histoire qui nous concerne tous.
Trois quarts  de siècle d’histoire

Ma mère , Henriette Dauphin, née Villeneuve, avait 21 ans lorsqu'elle a accouché de sa première fille, Rosette, en 1935. En ce temps-là les femmes avaient leurs enfants à un âge beaucoup plus précoce qu'aujourd'hui, où la première maternité a lieu autour de la trentaine. J'étais une enfant désirée mais mon grand-père paternel qui avait déjà deux petites filles, Paulette et Yvette, aurait  préféré un garçon...Ma petite enfance se passa sans problèmes jusqu'à l'été 1939 : Déclaration de guerre le 3 septembre 1939. Conséquences : mon père , Emile Dauphin, part au combat et moi , en octobre  rentrée des classes en ce temps-là , je suis dans la classe de M. Berutti dans  la grande classe...Il n'y a pas de classe maternelle , je suis avec les grands , dont ma cousine Yvette Dauphin. Je pleure , je me fais punir le premier jour, à juste 4 ans ! Heureusement que par la suite je me suis réconciliée avec l'école. L'année suivante , la maîtresse de CP, Melle Bouffié m'apprend à lire. Dès lors tout va très bien : l'école sera mon univers.
De la guerre 39/45 je n'ai pas beaucoup de souvenirs : celui qui me tient à coeur , c'est notre voyage à Sospel , en 1940, où mon père était alors basé. Ma mère et moi sommes parties en train et nous avons passé quelques heures avec mon père, une grande joie pour nous trois.Je me souviens aussi des Toulonnais  qui étaient venus se réfugier à Ampus. Ma tante Camille Michel  avait hébergé une famille de La Seyne , la famille Gazel. Nous étions devenus amis , aussi lorsque Mme Gazel nous apprit que leur maison avait été démolie entièrement suite à un bombardement, nous fûmes tous peinés.

La fin de la guerre arriva enfin. Ampus était à l'état moyenâgeux, aucun confort.Un maire ,  (communiste , je le signale car tous les successeurs furent sans étiquette ),  M. Revel commença la lente transformation du village. Il en avait bien besoin :  actuellement vous avez tout le confort, chers lecteurs , mais imaginez le tas d'ordures dans le renfoncement de Roche Aiguille , les tinettes jetées dans la canal de la Bouvesse, j'en passe et des meilleures...Après M. Revel , vint M. Paraziliti, puis Maurice Michel , un enfant du pays à qui l'on doit la nouvelle école , la salle polyvalente et le premier lotissement : L'Eglisonne , puis Roger Casanova qui fit édifier la station d'épuration du village et Patrick Vignal , celle de Lentier. Evidemment bien d'autres réalisations sont à mettre à leur actif. Ampus est devenu un village où il fait bon vivre et les maisons ont presque toute le confort nécessaire.La population a beaucoup crû depuis la fin de la guerre :
1906 = 856 habitants -
1926 = 645 h -
1962 = 345 h

1968 = 389  h
1975 = 439 h
1982 = 534 h
1990 = 622 h (Données M. Faure  page 14)
Maintenant, 2011,  nous ne sommes pas loin du millier d'habitants.

Trois quarts  de siècle d’histoire

  

En 1946 , je passe le concours pour être boursière et entrer en 6°. Je le réussis  , mais pour raison de santé je dois attendre 1947 pour aller au collège à Draguignan . Je suis interne, mais ce n'est pas un drame pour moi. Du moment que je peux étudier , je suis contente. Je me fais des copines , internes elles aussi. Je retourne à Ampus pour le week-ends , sauf si je suis "collée", ce qui est pénible ! "Le  Lycée  classique et moderne" (devenu Lycée Jean Moulin) accueillait   les classes allant de la 6° à la terminale.On sortait juste de la guerre , aussi le bâtiment avait-il encore son revêtement marron qui servait de camouflage pendant la guerre. Maintenant il a retrouvé sa belle couleur beige.

Trois quarts  de siècle d’histoire

  Voici une anecdote en liaison avec les restrictions de l'après-guerre et l'éducation de l'époque  : au rez-de-chaussée, non loin du réfectoire,  se trouvait une salle  que la surveillante ouvrait à 4h. Toutes celles qui avaient une "cantine" (boîte à provisions) s'y précipitaient. Chacune prenait quelque chose pour son goûter: pain d'épice , pain et saucisson , etc...La cantine individuelle était fermée par un cadenas et celles qui n'en avaient pas étaient tristes...Dans cette salle , petites et grandes étaient mélangées et un jour , horreur , j'appris d'une grande qui discutait avec une copine , sans s'adresser à moi, j'appris , horreur qu'une fille de 3°,  X , ne venait plus en classe car elle était enceinte. Un cataclysme ! Nous n'avions aucune éducation sexuelle, ni à la maison , ni à l'école.Nous ne comprenions pas ce qui arrivait...
La vie d'une interne ressemblait à la vie militaire. Tout était chronométré et règlementé. Par exemple, lorsqu'on était en étude le soir , pour aller aux toilettes , il fallait demander la permission ... Pour sortir en ville, même en terminale , il fallait qu'une personne appelée "correspondante" vienne au lycée , signe le registre de sortie. Même chose au retour. J'ai eu des correspondantes adorables dont Séraphine Troin , mère d'Odette (les anciens savent de qui je parle ), ma gratitude est toujours vive . Nous dormions dans un dortoir , une vingtaine ensemble. Seules les terminales avaient un box individuel ,  avec un lavabo , le luxe suprême. Les autres se lavaient dans une vaste salle munie de lavabos et de douches. Les lavabos, c'était tous les jours , les douches une fois par semaine. La lingerie n'était pas au même étage que le dortoir , mais un étage au-dessus. Là dans des casiers se trouvait notre linge. La lingerie n'était pas ouverte tous les jours, seulement trois fois par semaine. Vous imaginez les filles et leurs problèmes spécifiques... Il fallait supplier la pionne de bien vouloir ouvrir la lingerie.  Je pourrai vous en raconter encore ... Je préfère dire que les cours de la journée  me faisaient oublier la rigueur de l'internat. J'ai eu des professeurs qui m'ont fait aimer l'étude , de quoi les remercier encore maintenant.Et cela continua jusqu'au baccalauréat que je réussis en 1954.Pour moi , c'était le début de ma Liberté. Pas question de rester à Ampus: il y avait une opportunité pour en partir...
C'est ce que je raconterai demain.Fin du 1° épisode , il y en a 3.


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