Le parc de centrales nucléaires de la France fait l’envie de plusieurs pays. Les USA en particulier.
Il faut se rappeler les deux dernières campagnes électorales américaines : la réélection de GWBush en 2004 et l’élection de Barack Obama en 2008, Ces deux présidents ont cité en exemple la sagesse et la prévoyance de la France d’avoir fait appel en 1978 au nucléaire pour s’alimenter en électricité. Ils promettaient de faire de même. Aujourd’hui, quatre nouvelles usines sont en construction aux États-Unis, ou sur le point de l’être, et 26 autres attendent le financement bloqué à ce jour par le Congrès à cause du débat sur la dette.
En Russie, 26 nouvelles centrales seront en marche d’ici 2020 et le pays construit même des usines nucléaires flottantes pour alimenter ses régions éloignées. L’Angleterre veut faire appel au privé pour s’alimenter davantage en énergie nucléaire afin de rencontrer ses besoins grandissants d’énergie. La Chine en construit 27 actuellement et sa capacité totale dépassera celle de la France. La Corée du Sud projette 12 nouveaux réacteurs nucléaires. Les Émirat Arabes ont choisi la Corée du Sud, au lieu de la France et des Américains, pour construire quatre réacteurs. Même le Japon, après le désastre de Fukushima, construit une nouvelle usine nucléaire.
Le parti socialiste français et le parti Verts-Écolos viennent de signer un accord pour la fermeture de vingt-quatre réacteurs d’ici 14 ans. C’est une vraie révolution périlleuse.
Aujourd’hui, la construction d’une usine énergétique nucléaire est devenue une question de multi-billions de $, d’autant plus que depuis Fukushima les designs seront encore plus sophistiqués. Les 24 usines françaises visées pour fermeture sont presque toutes entièrement payées. Les frais pour le fuel de ces usines sont bas comparés aux usines thermiques alimentées au gaz, au charbon ou au pétrole qui devront les remplacer. Les coûts de fermeture et de démantèlement de ces usines et les coûts de « storage » de leurs déchets nucléaires seront aussi très coûteux. Il y a aussi la production des gaz à effets de serre (GES) générés par les nouvelles usines thermiques qui devra être quantifiée pour déterminer le coût de leur taxe carbone, car elles ne sont pas propres comme le nucléaire pour l’atmosphère. Toutes ces nouvelles dépenses sont en grande partie inutiles et coûteront des milliards d’euros aux Français pendant la décennie où le pays doit rebâtir sa base monétaire. C’est de la folie furieuse car tout ça va augmenter radicalement la dette du pays et les tarifs d’électricité.
Il y a aussi la question de l’indépendance énergétique. Les usines thermiques devront être alimentées par le gaz de Russie. Alors qu’actuellement la France ne dépend pas des autres pour son alimentation électrique, elle risque de subir dans l’avenir des pressions géopolitiques nouvelles qui possiblement pourront limiter sa liberté.
Partout, au monde, les Verts et les Écolos crient la même chose. Ils affirment que la production nucléaire ou fossile peut être remplacée par l’énergie renouvelable. Et cela même si, de plus en plus, la preuve est faite que cette affirmation est irréaliste, en plus d’être économiquement et techniquement non prouvée. Par exemple, une éolienne ne produit que 27% du temps. Le temps de non-production doit être comblé par une autre énergie. Et de plus, partout, personne ne veut d’éoliennes « dans sa cour ».
Les coûts des produits à énergie renouvelable sont très élevés et c’est le consommateur qui doit payer. Le gouvernement peut aider mais dans les circonstances économiques mondiales actuelles, cela devient de plus en plus difficile. De toute façon, il y a une limite à ce que les gouvernements peuvent faire. Par exemple, durant les récentes années, en France et aux USA, les gouvernements se sont engagés, entre autres, dans des programmes d’aide à la fabrication de panneaux photovoltaïques afin de créer de nouvelles usines et de nouveaux emplois. On s’est vite rendu compte que la très grande majorité des panneaux installés étaient d’origine chinoise à cause de leur bas prix. Les manufacturiers français et américains ne pouvaient concurrencer ceux de Chine. Les programmes d’aide ont pris fin. Les usines ont fermé. Les milliers d’emplois que les Verts avaient imaginés ne se sont pas réalisés. Encore hier, en France, la présidente des Verts répétait la même rengaine car c’est en fait son seul argument. Il est inexact.
Les réacteurs français devaient avoir une vie de 30 ans. Avec le temps, l’entretien et l’expérience des opérateurs, elle est fixée maintenant à un minimum de 40 ans. Aux USA, elle est de 60 ans. C’est donc probable que la vie des réacteurs français pourra être allongée à nouveau. Est-ce un danger pour les Français ? C’est la question primordiale qu’ils se posent, avec raison.
Les Verts sont devenus 100% anti-nucléaires. Ils semblent avoir oublié leur but premier, soit la protection de la nature. Ils veulent fermer les 58 usines nucléaires de France et veulent arrêter celle qui est en construction, dite de nouvelle génération EPR et qui a une capacité de près du double de chacune de celles des 24. Pour eux Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima ne doivent pas se répéter. Hollande voulant gagner le vote des Verts-Écolos a accepté d’éliminer, pour 2025, les 24 réacteurs mentionnés précédemment. Pour le moment, il se limite à ça.
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été créée pour faire les recommandations au gouvernement sur le sujet. Elle est composée de personnes reconnues pour leur compétence et leur neutralité. À qui les Français doivent-ils se fier en rapport avec la sécurité du parc nucléaire français ? Aux Écolos ou aux politiciens qui n’y connaissent rien ? Aux scientistes, ingénieurs et experts qui y ont dédié leur vie ? La réponse me semble simple.
Claude Dupras