John Montagu - 4e comte de Sandwich - qui en fut l’inventeur au XVIIIe siècle doit s’en éclater la panse de rire. Autant que moi. Je suis passée par tous les stades de l’hilarité. J’allai à la cuisine préparer un café en pouffant. Je revins devant l’ordinateur en gloussant. Eclatai littéralement de rire en retournant dans la cuisine. Et ce, plusieurs fois de suite parce que j’oublie toujours quelque chose… L’appart est petit, heureusement.
Un détail qui m’avait échappé lors de la lecture d’un des articles explorés pour préparer celui consacré dernièrement à la taxe mort-née sur les hôtels de luxe. J’y revins au dernier moment, pensant que Frédéric Lefebvre parlait « d’équité » à cet égard ce qui eût été un comble. Non : il s’agit non moins que d’établir un subtil distinguo entre les sandwiches selon qu’ils seront achetés dans la grande distribution - considérés comme produits de première nécessité et donc devant rester taxés à 5,5 % - ou dans les boulangeries et les bistrots, à consommer immédiatement et donc (je me demande bien pourquoi !) devant être assujettis au nouveau taux de 7 %…
Le tout-puissant lobbies des bistrotiers désirant même que les sandwiches vendus dans les grandes surfaces et la restauration collective (!) augmentent de concert avec l’ensemble du secteur de la restauration, avais-je sur cet article d’Europe 1 Rigueur : l'hôtellerie de luxe épargnée (10 nov. 2011). Frédéric Lefebvre ne craignant pas - en bonne carpette - « au nom de l’équité fiscale » (!) de les rassurer : le taux de réduit de TVA à 7% « respectera bien l'équité fiscale et s'appliquera bien à l'ensemble des produits et services actuellement taxés à 5,5% hors produits de première nécessité »…
Si vous connaissez la liste exacte des produits de première nécessité, merci de me la communiquer : ce doit être aussi "secret-défense" que le plafond de ressources de l’Allocation-logement ou le taux auquel l’Etat emprunte sur les marchés financiers! « On nous cache tout, on nous dit rien ! ». Les « pôv cons » de consom-mateurs et con…tribuables n’ayant qu’un seul droit : payer toujours plus et fermer leur gueule. Absolument UM/Possible de la trouver sur Google, y compris sur les sites gouvernementaux !
Parce que ceux qui vendent ailleurs que dans les bistrots leur feraient de la concurrence ?
Notez que, bien que n’étant nullement libérale, je n’ai rien en soi contre la concurrence pour autant qu’elle devrait profiter aux clients si celle-ci était « loyale et non faussée » selon l’expression consacrée. Les clients arbitrant selon le prix, les divers avantages, etc.
Or, nous savons parfaitement que c’est rarement le cas. Nous apprenons - parce que cela donne lieu à des enquêtes, condamnations et procédures judiciaires du Conseil de la concurrence - l’existence « d’ententes » entre divers professionnels et non des moindres (BTP pour les marchés avec l’Etat, les collectivités locales et les entreprises publiques : TGV, construction d’autoroutes, etc.) ou les banques pour l’établissement de leurs tarifs. Les exemples se multipliant à l’infini… partie émergée de l’iceberg.
Mais avouez que la prétention des bistrotiers à voir s’appliquer le nouveau taux de TVA à 7 % à tous les sandwiches - pourquoi pas ceux que l’on confectionne à la maison ? - relève d’une « économie dirigée » qu’ils seraient les premiers à fustiger comme soviétique si un gouvernement émettait l’idée de revenir à un strict contrôle des prix.
Je ne les mettrais pourtant pas tous dans le même panier (c’est bien le cas de le dire) car j’en excepterais mon rade préféré, à l’Orangerie de Montmorency. L’an dernier, partant avant 11 h pour aller à Paris à l’une des nombreuses manifestations contre la réforme des retraites, n’ayant pas le temps de manger avant et voulant éviter d’y payer des sandwiches au prix fort, je m’y arrêtai pour acheter deux sandwiches. Quand je demandai le prix, l’on me répondit : 4 euros. Pensant, qu’il s’agissait du prix d’un seul, je sortis lun billet de 10 € et fus très surprise que l’on me rendît 6 euros.
Je n’ai guère payé plus cher il y a quelques semaines en consommant sur place, devant aller faire des courses et sachant par expérience que la faim est toujours mauvaise conseillère… Ils sont non seulement fort sympathiques (ce qui ne gâte rien, bien au contraire !) mais intelligents et bons commerçants : plumer le client est contre-productif. Moralité : à l’heure du déjeuner, cela ne désemplit pas, entre les clients du resto (l’on y mange très bien pour un prix abordable et nombre de clients règlent avec des tickets-restaurants) et ceux qui se contentent d’un sandwiche…
Mais avouez tout de même qu’il faut au moins sortir de l’ENA pour imaginer faire une telle distinction entre le mode de distributions des sandwiches ! Lors même que l’estomac des consommateurs s’en fout pas mal et que ceux-ci s’en moqueraient tout autant s’ils ne devaient payer plus cher selon le lieu où ils les achètent ou les consomment.