En ce moment, ça pédale haut ! A gauche tous !

Publié le 18 novembre 2011 par Mister Gdec

source : Alain Pernin ici

Que Jean-Luc Mélenchon ait commis un jeu de mots malheureux dans une interview d’une heure au JDD (soit donc environ un dix millième de % de son intervention), et que les journalistes en et les « de droite » en fassent leurs choux gras, exploitant à fond la pépite qui n’est pas vraiment de l’or sinon dur, alors que l’article était bien autre chose, puisqu’il taclait bien plus violemment Fillon en estimant qu’  « Il prépare une économie de cimetière« , ce que l’on a beaucoup moins entendu bizarrement, c’est un fait.

 Que Mr Hollande et son entourage (qui entre parenthèses pour certains ont mis la même conviction à défendre DSK hier que l’ultime candidat du PS aujourd’hui), supportent mal les critiques et les éventuelles nécessaires remises en question, c’en est un autre…

 Que Hollande et son équipe aient tendance à donner l’impression d’éviter les confrontations, ce n’est pas qu’une légende, mais également un fait : bien d’autres que moi l’ont évoqué, c’est un secret de polichinelle. Au point d’avoir jugé utile autour de lui de choisir comme éléments de langage et centre de son positionnement récent la fermeté et le refus de changer de position comme stratégie de communication pour montrer qui est le patron, de manière caricaturale et excessive.

Pendant les primaires, ce refus de débattre qui énerve prodigieusement s’est illustré devant Martine Aubry, hier c’était avec EELV avec les conséquences que l’on sait, aujourd’hui (et probablement encore demain..) c’est avec le Front de Gauche, que l’on l’on tente de faire passer pour ce qu’il n’est pas, au plus net désavantage de l’esprit de rassemblement que le candidat socialiste prétend incarner.  Le fait de ne pas accorder à Mélenchon  ce que l’on concède à d’autres est d’ailleurs  du plus mauvais effet qui soit sur les militants du Front de gauche, fait déja la jubilation des journaux de droite,  et contribue à cristalliser les positions sur des attitudes de ressentiment pas vraiment constructives.

 Que des hollandais trop aveuglés par la défense de leur idole se montrent dans certains cas encore plus extrémistes que ne pourraient l’être ceux que l’on qualifie de tels, campés sur des positions inébranlables, des certitudes inamovibles (peut-on avoir raison tout seul?), et forts d’un hégémonisme sur la gauche peut-être encore mathématiquement vrai il y a vingt ans mais plus vraiment aujourd’hui (son inaptitude à représenter les masses laborieuses..) , et qui agace prodigieusement, c’est une quatrième évidence à mes yeux…

 Quand bien même, j’en suis bien certain, ses afficionados favoris viendront me contredire par toutes sortes d’arguments tous plus valables les uns que les autres.

 Nous étions hier un certain nombre (souvenez vous… Montebourg n’a-t-il pas dit pendant les primaires des choses bien pires à ses concurrents ?) à considérer que cette candidature là n’était pas la bonne, et nous nous sommes battus contre. Certains, comme moi (avec les seules armes que je connaisse), l’on fait avec l’énergie du désespoir, voyant trop combien une certaine forme de comportement n’était pas adaptée aux circonstances, qui nécessitent de toute évidence de la combativité et de la gnaque face à un candidat sans scrupules ni états d’âme, comme son passé l’a démontré.

 Aujourd’hui, les événements sont en train, hélas, de nous donner raison, devant la difficulté indiscutable du candidat Hollande à maîtriser globalement la situation, alors que la campagne en vue des présidentielles n’a qu’à peine commencé.

 Nous avons tous pu assister ces derniers jours à la cacophonie et aux ambiguïtés découlant d’un positionnement incertain  (pusique jamais débattu ouvertement avec TOUTES les forces de gauche,  forcément…) sur le sujet du nucléaire (la sortie du chargé de com - dont je regrette le choix – du candidat m’est d’ailleurs apparu bien ridicule et déplacé…), qu‘hier soir le malhonnête et sirupeux patron de l’UMP a eu beau jeu d’utiliser comme LE défaut de la cuirasse, pour tenter sans succès mais pas loin de porter le coup fatal à une marionnette caricature d’elle-même qui représentait si peu le PS d’aujourd’hui.

 Aussi, je considère que dans chacun des camps sensés représenter la gauche aujourd’hui, le moment est venu, après avoir bien réussi à marquer et signifier nos différences Ô combien, de se la jouer collectif pour battre l’oppresseur commun, plutôt que de se livrer à des querelles sempiternelles qui ne font que nous épuiser mutuellement au plus net avantage de l’adversaire.

 Il ne s’agit pas de renier nos convictions, qui font notre force, et le moteur de notre action. Certes, le candidat du centre gauche n’est pas celui le plus conforme à nos vœux, c’est le moins qu’on puisse dire, et écrire… Certes il se montre bien maladroit et un peu trop libéral à notre goût (sa sortie sur le sens de la rigueur n’était-elle pas, elle aussi, fort malvenue, envers tous ceux pour qui les vents froids sont advenus?)… Bien sûr qu’il est un peu trop fermé à nos yeux aux considérations écologistes comme l’histoire l’a montré, et bien peu agressif face aux puissances de l’argent, et très imparfait. Mais toutes les élections présidentielles ont toujours été l’histoire d’un choix du moins pire, et non celle du meilleur. On ne peut en l’espèce contenter tout le monde, une majorité de français, qui sont comme je l’écraivais hier une mosaïque de couleurs. Je souhaiterais moi-aussi que mon candidat favori l’emporte. Comme un voisin écolo souhaiterait que ce soit Eva… Mais force m’est d’avouer que chacun, seul, n’y parviendra pas. Et que si nous continuons les uns et les autres, moi le premier, ce petit jeu de massacres, y en a un qui va bien rigoler, dans quelques mois. Et qui va pouvoir continuer son opération de destruction idéologique des valeurs fondamentales de notre pays autrefois plus généreux et souriant. Et ça, c’est hors de question, cette alternative m’insupporte au plus haut point. Mélenchon l’a dit hier : Non, Hollande et Sarkozy, ce n’est pas la même chose. L’incident est donc clos.

 Ou alors on fait un autre choix : on refuse d’administrer, de gérer, et de participer au grand jeu du pouvoir. On cesse de participer à ce que l’on considère comme une comédie d’apparence démocratique. Et l’on est anarchiste. Ce n’est pas la voie que, pour l’instant, j’ai choisie… Mais peut-être qu’en vieillissant ?