Moshe Dayan expliquait en 1963 que l’objectif était de transformer le Bédouin en une personne “qui ne vivrait plus sur sa terre avec son troupeau, mais deviendrait une personne urbaine qui rentre chez elle le soir et met ses chaussons”. Constat de cette déconcertante volonté d'expérimentation ethnologique visant à transformer la culture nomade séculaire d'un peuple: Le désert du Neguev n'est une oasis de carte postale idyllique et touristique traversée par des caravanes exotiques de chameaux!
les Bédouins ne sont pas un peuple déraciné ni sans terre. Chaque tribu avait autrefois son propre territoire dans le Néguev, elles y menaient une vie semi-nomade, élevant du bétail et cultivant la terre, avec un village pour l’été et un autre pour l’hiver afin que les animaux aient suffisamment de prés où paître. Aujourd’hui, environ la moitié des Bédouins ont dû quitter leurs terres et déménager dans l’un des sept villages construits par le gouvernement. L’autre moitié est restée sur ses terres dans 45 villages qui ne sont pas reconnus par les autorités israéliennes et qui, comme s’ils étaient invisibles, n’apparaissent pas sur les cartes vendues au grand public.
Ces villages non reconnus bénéficient de peu, voire d’aucun service public : ils n’ont pas de transports publics ni même de routes. Ils n’ont pas accès aux réseaux d’eau et d’électricité et disposent de peu d’établissements scolaires ou de santé, alors même que les Bédouins sont citoyens israéliens. On aperçoit les restes de maisons démolies dans la plupart des villages; les autorités ont démoli les huttes parce que leurs habitants n’ont pas obtenu de permis de construire, même s’ils vivaient parfois sur place depuis des décennies, si ce n’est plus.
Les autorités israéliennes qualifient le Néguev de “terre morte”. Elles s’appuient sur une vieille loi ottomane remontant aux années 1820 pour justifier cette appellation juridique. En pratique, cela signifie que les Bédouins de 2011 ne peuvent pas revendiquer la propriété des terres ancestrales que leurs familles et tribus utilisent depuis des siècles.
Le débat du 25 fera découvrir aux fontenaysiens cette étonnante situation qui dégrade et anéantit une culture, une identité séculaire, qui nie un mode de vie adapté à un territoire pour l’absorber dans un processus d’intégration forcée