Un voyage en train m’a permis de le lire ce petit bouquin qui était sur mon bureau depuis quelques semaines. Les visiteurs réguliers, se doutent bien que le titre de l’ouvrage « Manifeste d'Economistes Atterrés », se marie parfaitement avec les thèses, de fin d’une ère économique, que je professe ici, sans répis, depuis 5 ans.
Le manifeste des économistes atterrés commence de cette façon : « La crise économique et financière qui a ébranlé le monde en 2007 et 2008 ne semble pas avoir affaibli la domination des shémas de pensée qui orientent les politiques économiques depuis trente ans ». Je pourrais ajouter qu’il n’y a qu’à voir l’argent (367 000€) dépensé dans les rénovations du Forum de Luz. Mais, comme me l’avait fait remarquer Michel Do, ça serait injuste de ramener des exemples nationaux à des décisions locales.
Je suis d’accord avec les auteurs de ce manifeste sur le principal, mais je trouve qu’ils occultent un aspect du problème que je considère tout aussi important. D’abord les points sur lesquels nous sommes d’accord.
1/ La loi selon laquelle les marchés financiers sont efficients n’est rien d’autre qu’une fausse évidence. La crise, des subprimes et des dérivatifs toxiques, nous l’a clairement démontré. Malheureusement, « Le pouvoir de la finance est nullement remis en cause dans ses fonctionnements. En Europe, au contraire, les Etats, sous la pression des institutions internationales et des agences de notations, appliquent avec une vigueur renouvelée des programmes de réformes et d’ajustement structurels qui ont par le passé démontré leur capacité à accroitre l’instabilité et les inégalités. Ils vont encore aggraver la crise Européenne. »
2/ La loi selon laquelle on va rapidement réduire la dette en réduisant les dépenses publiques (en particulier sociales) est toute aussi fausse. Au contraire, à court et moyen terme, des dépenses publiques stables limitent l’empleur de la recession. « Si la réduction des déficits plombe l’activité économique, la dette s’alourdira encore plus ». Car, comme le disent les auteurs de ce manifeste, « l’actuelle crise est bien davantage qu’une crise économique. C’est aussi une crise sociale, sur fonds de crises écologique et géopolitique, qui témoigne sûrement d’une rupture historique. »
Bref, ce petit livre m’a bien plu, en particulier le paragraphe sur les banques centrales et puis certaines des propositions de changements pour l’avenir. Cependant, de par son aspect idéologique, ce manifeste passe sous silence les conséquences de la mauvaise gestion des finances publiques.
J
Sur ce sujet nous n’avons plus le droit de se placer dans la dynamique idéologique Droite / Gauche, il y a trop d’exemples de calamiteux des deux cotés. Les dirigeants politiques des deux grands partis ont laissé faire. D’échéance électorale en échéance électorale on n’a plus fait que de l’électioralisme. La Droite s’accroche à des recettes libéralles qui non seulement ne marchent pas, mais en plus risquent d’aggraver les choses. La Gauche s’accroche à trouver les coupables de la crise exclusivement au CAC 40 et dans la finance, en refusant de parler des problèmes de gestion des finances publiques.
Je suis convaincu que pour s’en sortir, nous devons changer les règles du jeu et remplacer les joueurs qui sont sur le terrain depuis trop longtemps, car le débat politique actuel est particulièrement contre-productif. Nos dirigeants politiques doivent absolument préparer les Français à ce qui arrive et arréter de leur mentir sur leurs « acquis », et ça la Gauche ne le fait pas. Ils doivent aussi donner la priorité absolue à la réduction des inégalités dans cette pèriode de grave réduction du niveau de vie, et ça la Droite ne le fait pas.
Pour ma part, je voterai toujours pour ceux qui donnent la priorité à la réduction des inégalités…