Dans l’article précédent, nous avons vu qu’il n’existe qu’un nombre limité d’archétypes narratifs – ou typologies – que l’on peut rattacher aux jours de la semaine (et aux dieux qui leur ont donné leur nom). Les entreprises racontent des histoires de connaissance (dimanche), de labeur (lundi) ou de conquête (mardi). Voici celles des autres jours.
Typologie du mercredi : inspirer la confiance et être proche de ses clients
Le mercredi est sage, bien équilibré, pile au milieu de la semaine, à équidistance de toutes ces histoires plus extrêmes que racontent les autres jours. Son nom vient de Mercure («Mercurii dies»), dieu lui aussi dépassionné, patron des commerçants et des artisans. Si les Romains avaient connu cette vertu cardinale du marketing du 21e siècle, ils auraient dit : «c’est le dieu de la proximité et des consommateurs» ! C’est le patron des entreprises du quotidien (Auchan, Leclerc), des marques-doudous (Nutella, Nivéa) et de celles de l’agro-alimentaire en général (Danone).
Protégeant les voyageurs, Mercure est aussi le patron des compagnies de transport et des agences de voyages, des banques et des assureurs. Mais pour les consommateurs, c’est comme l’amour : il n’y a pas (plus) de confiance, il n’y a que des preuves de confiance. c’est donc une typologie à (re)prouver à chaque instant.
Typologie du jeudi : être puissant et le rester
Attention, difficile pour un numéro 1 installé, qui n’a rien à gagner et tout à perdre, de bouger, de bouger avec la vélocité d’une entreprise de type mardi. Mais pas impossible : McDonald’s France et Disneyland Paris sont des entreprises de type jeudi qui ont su se remettre en cause.
Typologie du vendredi : devenir plus beau et susciter le désir
Vénus est l’inspiratrice du vendredi, «Veneris dies». Déesse de la jeunesse, de la beauté et de l’amour, elle inspire les histoires que racontent les marques de mode, de cosmétiques et plus généralement toutes celles qui font profession d’abolir la laideur du monde : L’Oréal, H&M, Zara etc. les exemples abondent. Mais aussi Apple, de toute évidence une marque vendredi : l’achat du dernier iPad porte rarement sur ses capacités techniques et beaucoup plus sur la couleur de la coque ou de la «smart cover» ! Et quand les fans commencent à faire la queue devant les Apple Stores la veille du lancement d’un produit, c’est bien qu’on est entré dans l’empire du désir. On peut en dire autant de Nespresso, l’une des rares marques du groupe Nestlé à ne pas dépendre d’une typologie de type mercredi.
Typologie du samedi : libérer les sens et ne plus se fixer de limites
Il peut également s’incarner dans le sexe. Du luxe à la luxure, le chemin a été court pour ces marques porno-chic du début des années 2000, de Gucci à Dolce & Gabanna en passant par Dior (époque Galliano). Ce storytelling est très «segmentant». Sa force auprès d’une cible est aussi grande qu’elle suscite du rejet sur le grand public. Pour séduire les ados un peu trash, c’est un avantage… tant que ce ne sont pas les parents qui doivent ouvrir le porte-monnaie…
Ces 7 typologies sont un cadre, pas un carcan
Ces typologies ne sont pas un carcan. On peut être l’une ou l’autre suivant qu’on s’adresse à un public institutionnel ou à ses clients, suivant même les différents produits de sa gamme. On peut être une marque de type mercurial qui aspire à devenir solaire… Plusieurs schémas sont donc possibles. Ce qui importe, c’est autant l’histoire que les autres racontent sur vous que celle que vous aimeriez qu’ils racontent. Le tout, c’est d’utiliser une typologie crédible par rapport à votre propre histoire et de l’agencer en 3 temps et avec 7 éléments actanciels… Mais ça, c’est une autre histoire !
Prochainement : un article sur les 3 tempos du storytelling
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