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L’accord PS – EELV, une excellente nouvelle, malgré tout

Publié le 17 novembre 2011 par Variae

Les vieux clichés ont la vie dure. Depuis quelques heures, je vois refleurir tous ceux qui avaient libre cours, il y a quelques mois ou années, sur les Verts. Parti bordélique, anarchique, coupé des réalités, représentant une minorité de bobos, défendant des idées lib-lib sans intérêt électoral, amenant l’ensemble de la gauche au naufrage avec son obsession délirante sur le nucléaire. Je pourrais ajouter les griefs mentionnés sur Variae dans quelques billets précédents : un parti qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, qui engage des combats inutiles avec la droite, qui a un comportement de minoritaire tyrannique et irresponsable. D’accord.

L’accord PS – EELV, une excellente nouvelle, malgré tout

J’imagine sans peine ce qui se dit, chez les Verts, sur les socialistes. Hégémonie, mépris des autres partis, idéologie vieillissante, incapacité à penser un nouveau modèle de développement, etc. D’accord.

Là-dessus viennent se rajouter, comme du vinaigre sur une plaie, la multitude de casus belli individuels liés à l’accord législatif : donc, parachutages, refus de voir telle personnalité politiquement dangereuse débarquer ici ou là, injustices dans tous les sens, députés effectivement méritants qui sont sortis du jeu, alors que leur voisin, qui avait plus démérité, sauve sa peau in extremis. D’accord.

Enfin, un malheur n’arrivant jamais seul, ajoutons au vinaigre une goutte d’acide, celle du cafouillage sur le Mox, qui aura finalement été réglé en quelques heures – une éternité, certes, en temps d’Internet. Encore d’accord.

Il n’en reste pas moins que le Parti socialiste, qui avait essuyé une fin de non-recevoir à peu près universelle (PRG mis à part) au moment de l’organisation de ses primaires, n’est plus seul. Pour le meilleur et pour le pire, le voilà PACSé avec Europe Ecologie, en attendant peut-être le mariage en cas de retrait ultérieur – qui sait ? – de la candidature d’Eva Joly. C’est malgré tout ce que je viens d’évoquer, pour moi, une excellente nouvelle.

Parce que la politique, c’est, selon une formule éprouvée, de la dynamique et non de l’arithmétique stricte. Un premier rassemblement a eu lieu et il en appellera d’autres. Je suis persuadé que pour un grand nombre de citoyens de gauche, sans affiliation, la priorité est la défaite de la droite, et que pour eux la désunion de leur camp est un puissant répulsif. Cette désunion vient de reculer d’un cran.

Parce que la droite, en face, est en train de se rassembler sur tous les plans. La réussite des primaires et la cote sondagière insolente de François Hollande ont visiblement donné un bon coup de fouet à l’UMP, dont les dissensions internes s’estompent et dont la machine se remet lentement mais incontestablement en route. Petit à petit, les candidatures alternatives initialement envisagées à droite s’effacent, sous la menace quand il le faut. A-t-on envie de se retrouver en janvier avec une droite rassemblée derrière le président sortant, et une gauche qui passe son temps à s’agresser et s’insulter ? Même si une candidature verte à la présidentielle se maintient, l’accord législatif rendra beaucoup plus compliqués des débordements tels qu’on en a connus et tels qu’on pourrait en craindre sinon. Cet accord construit par ailleurs une logique qui pourrait bien déboucher, comme je le mentionnais plus haut, sur  le retrait naturel de la candidature Joly. Nous verrons.

Parce que, enfin, autant je crois au rôle de leader, à gauche, du PS, autant je pense que les Français sont dans l’état actuel des choses satisfaits de l’éventail des forces politiques à gauche, surtout quand elles travaillent ensemble comme dans les exécutifs locaux. Peut-être un jour la France verra-t-elle l’émergence d’un grand parti progressiste unique, mais nous n’en sommes pas là. Il faut être réaliste.

Il serait donc bon de se détacher un peu des (psycho)drames actuels et de réfléchir à moyen terme. Dans quelques mois, les hésitations sur le Mox (combien de Français comprennent de quoi il s’agit ?) ne seront plus que de l’histoire ancienne, et les problèmes locaux auront probablement été apaisés, d’une manière ou d’une autre, dans leur grande majorité, comme à chaque fois. Il restera de l’agitation de ces dernières 24 heures deux choses : d’une part, le constat que deux des principales familles de la gauche sont rassemblées, et d’autre part, une pression renforcée sur ceux, dans notre camp, qui continueront à diviser et à servir la droite (suivez mon regard). What else ?

Romain Pigenel


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