Mercredi 16 novembre, François Hollande était l'invité du 20H de TF1. Il a répondu aux questions de Laurence Ferrari concernant l'accord avec Europe Écologie-Les Verts sur le nucléaire.
François Hollande invité du 20h de TF1 par francoishollande
Laurence FERRARI
Bonsoir François HOLLANDE.
François HOLLANDE
Bonsoir.
Laurence FERRARI
On a l’impression d’une cacophonie. Est-ce que vous regrettez cet accord passé avec les Verts, est-ce que ce n’est pas un boulet, ce n’est pas une régression comme vient de le dire Eric BESSON ?
François HOLLANDE
Dans un accord il faut qu’il y ait une cohérence et une clarté. Et je l’ai voulu. L’accord c’est ce qui permet le rassemblement. C’est nécessaire pour que la gauche soit rassemblée. Mais j’ai dit qu’il devait se faire dans la cohérence. Des propositions que j’ai faites. Que je présente devant les Français. J’ai dit qu’il fallait réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité. On est à 75%. C’est le chiffre le plus important du monde et en même temps, je ne suis pas pour la sortie du nucléaire alors que les Verts sont pour cette option.
Laurence FERRARI
Donc vous avez troqué des centrales contre des circonscriptions.
François HOLLANDE
J’ai dit…non… je n’ai rien dit, je n’ai rien troqué.
Laurence FERRARI
C’est le Parti socialiste.
François HOLLANDE
J’ai dit qu’il fallait réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025. Ensuite nous avons dit : eh bien si nous sommes d’accord sur l’essentiel sauf sur le nucléaire, puisque sur le nucléaire il y a un désaccord entre les Verts et le Parti socialiste, on n’a rien à y changer, nous sommes en désaccord. Nous sommes en désaccord sur la sortie du nucléaire, je n’y suis pas favorable. Nous sommes en désaccord sur le réacteur de troisième génération, je suis pour le poursuivre si les conditions de sécurité sont réunies. Je suis pour qu’il y ait encore du retraitement du combustible, il le faut pendant le temps nécessaire. Donc voilà nous sommes en désaccord sur ce point-là. Mais sur tout le reste nous sommes en accord. Eh bien c’est normal qu’il y ait, s’il y a le rassemblement, des circonscriptions. Pourquoi c’est normal ? Parce qu’il est légitime que les Verts soient représentés à l’Assemblée Nationale, ce qui n’est pas le cas en nombre suffisant aujourd’hui.
Laurence FERRARI
Mais est-ce que ce n’est pas un troc ? Est-ce que vos électeurs peuvent comprendre ça ? On enlève des centrales nucléaires, on vous donne quelques circonscriptions.
François HOLLANDE
Mais je n’enlève aucune centrale nucléaire puisque je vous dis que sur la question du nucléaire nous ne sommes pas d’accord.
Laurence FERRARI
Quelle est votre position, alors ?
François HOLLANDE
Eh bien je viens de l’exprimer. Ma position c’est de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité. Ce n’est pas de sortir du nucléaire, ce n’est pas de rester dans cette situation où nous sommes, un pays qui a trop de dépendance à l’égard du nucléaire. Parce que moi, je n’ai qu’une vision, c’est celle de mon pays : l’indépendance, la sécurité, parce que les Français veulent être ne sécurité y compris par rapport au nucléaire, compte tenu de ce qui s’est passé et en même temps l’efficacité économique. Voilà mes principes. A partir delà je prends la bonne option : nous ne sortons pas du nucléaire, nous réduisons la part et nous faisons monter les énergies renouvelables et nous faisons des économies d’énergie. Il n’y a pas de troc. Il n’y a pas d’arrangement. Parce que moi je suis candidat devant les Français, je ne suis pas là pour régler les affaires de telle ou telle circonscription. En revanche, je veux le rassemblement parce que si demain je veux gouverner le pays avec le souci de mettre le plus de Français dans le mouvement, j’ai besoin d’une gauche, des Ecologistes et même au-delà, de Français qui se retrouvent dans l’action que j’aurai à conduire.
Laurence FERRARI
Concernant le MOX, ce combustible nucléaire. Une partie du texte a été enlevé de l’accord proposé hier au Parti socialiste. Est-ce que le lobby nucléaire, AREVA a affirmé être intervenue auprès de dirigeants socialistes. Est-ce que vous avez eu les dirigeants d’AREVA en ligne ? Est-ce que vous êtes au courant et quelle est votre position ?
François HOLLANDE
On parle de lobby nucléaire, ce sont des entreprises, entreprises publiques, AREVA – EDF. Ce sont des emplois. Il y a des syndicats. Il y a des personnels qui se posent des questions. Donc il faut les rassurer et c’est normal que je puisse leur dire, selon mes positions, ce qui va se passer.
Laurence FERRARI
Donc vous les avez eus en ligne.
François HOLLANDE
Donc, j’ai dit : nous maintiendrons Flamanville parce que c’était pour moi une piste de nouvelle génération de réacteur nucléaire. J’ai dit que sur le retraitement – ce qu’on appelle La Hague – il y aurait la poursuite de cette activité pendant le temps où il y aura du combustible nucléaire à retraiter. Vous me parlez de filière MOX, c’est un peu compliqué, c’est le combustible qui sert à alimenter une vingtaine de centrales. Eh bien, bien sûr qu’il va falloir continuer à en fabriquer si nous voulons garder un potentiel. Mais à l’horizon 2025 nous réduirons la part du nucléaire parce que je ferai une grande politique industrielle sur le renouvelable, sur les économies d’énergie et ça créera de nombreux emplois.
Laurence FERRARI
D’accord. Concernant la candidature de Cécile DUFLOT, on a vu les vives réactions de vos alliés, notamment de Bertrand DELANOË, qui parle de tripatouillages. Que lui répondez-vous ce soir ?
François HOLLANDE (invité du journal)
Eh bien écoutez si on fait un accord c’est le Parti socialiste et les Verts, moi je suis candidat à l’élection présidentielle. Mais je regarde ce qui se fait parce que ça conditionne, je vous l’ai dit, le rassemblement. S’il y a un accord, il y a forcément des concessions à faire. Et donc, après il faut le faire dans le respect et ce que demande Bertrand DELANOË, c’est du respect. Il faut lui donner.
Laurence FERRARI
Donc des ajustements.
François HOLLANDE
Non, mais c’est à chacun de comprendre que lorsqu’on accueille une Verte, en l’occurrence, dans une grande ville eh bien il y a quand même un certain nombre de conditions à réunir. Mais si on fait un accord c’est pour qu’il y ait des Verts qui soient au Parlement. C’est aussi ma conception du pluralisme. Moi je ne veux pas un Parti socialiste qui gouvernement seul le pays comme on a l’UMP aujourd’hui. Il y a quand même des intérêts là aussi à faire prévaloir. Il faut du pluralisme, il faut de la cohérence aussi et la cohérence qui doit la donner puisque je suis le candidat qui doit demain être le prochain président.
Laurence FERRARI
Vous êtes attaqué de toute part, François HOLLANDE, ce week-end Jean-Luc MELENCHON vous a comparé à un « capitaine de pédalo pendant la tempête ». Est-ce que vous avez été blessé par ces attaques, qui viennent d’un de vos alliés potentiels pour le second tour.
François HOLLANDE
Non, moi je me mets à un certain niveau. Voyez-vous. Les Français souffrent en ce moment. Vous avez vu ces annonces de suppressions d’emplois ? Vous avez vu ces menaces qui pèsent sur notre pays ? La crise financière ? Vous voyez les réponses qu’il faut que j’apporte pour donner un espoir à nos concitoyens ? Donc je me mets au bon niveau. Quand j’entends des noms d’animaux qui sont portés sur moi…
Laurence FERRARI
« Babar »…
François HOLLANDE
Venant d’un ministre. Vous vous rendez compte, d’un ministre de la République ! Quand je vois un candidat du Front de Gauche, en l’occurrence Jean-Luc MELENCHON qui voit ma candidature comme si c’était son adversaire, alors qu’il ne doit y avoir que la droite qui doit être, pour un candidat de gauche, l’adversaire. Donc j’essaie de me mettre au bon niveau. Parce que les Français attendent de moi que je sois en capacité de diriger la France et donc moi, je ne tombe pas dans ce type de polémique. Et je n’essaie pas, comme le candidat sortant, Nicolas SARKOZY, d’essayer de faire monter je ne sais combien de lieutenant pour dénigrer. Je ne dénigre personne. Parce que moi, je ne veux pas que les Français dénigrent la vie politique. Je veux qu’ils aient confiance. Parce que là, la prochaine élection présidentielle elle se fera sur le thème de la confiance. De la crédibilité. De la capacité. Il faut en démontrer, y compris dans les mots que l’on utilise. Moi je n’utilise aucun mot qui puisse abaisser mon pays ou les dirigeants de mon pays.
Laurence FERRARI
Merci beaucoup François HOLLANDE d’avoir apporté ce soir vos explications.
François HOLLANDE
Merci à vous.